Zala alsahra'

Le prêtre avait été parcouru d'un frisson à ses mots qui ne le quittaient plus, à présent.

Le Retour des Ténèbres est proche.

Dans un monde régit par des forces qui nous dépassent, certains n'ayant pas encore traversés la fine couche de glace sur lequel celui-ci repose s'imaginaient encore naïvement, mais comment leur en vouloir, qu'il n'existe dans notre royaume que des guerres opposants les idées, les peuples et les intérêts politiques de chacun. Oubliant une lutte primordiale qui donna pourtant naissance à la fille de Donblas, la lutte opposant les Ténèbres à la Lumière, une guerre opposant deux forces bien réelles : Le Bien et le Mal.

Jacques avait constaté l'oeuvre du Mal en de nombreuses occasions et il ne faisait là aucun doute, Zala alsahra' était un de ses disciples les plus convaincu, les plus déterminé, dont il lui avait été donné de cotempler avec effroi l'étendue des crimes.

Selon le paladin Azraël, un homme au regard ancien, recelant de nombreux secrets et dont la place aurait pu être au sein du temple de la connaissance, si ses pas n'étaient pas guidés de manière indiscutable par la main de la Concorde, Zala alsahra' était un être maléfique issu des terres de Minghelle.

Un pilleur de tombes retors, guidé en des temps immémoriaux remontant à l'après période démoniaque par une main pernicieuse et invisible : Celle du Grand Serpent, une entité impie dont il n'a explicité que peu de choses. L'homme que fut autrefois Zala alsahra' poussé par sa cupidité et fort d'une adresse criminelle laissa uns à uns les pièges être déjoués par ses associés d'infortune, sacrifiant même certains d'entre eux pour arriver à son objectif ultime : Une relique dissimulée dans ce qu'il ignorait encore être l'un des vestiges d'une hérésie, le tombeau dans lequel les ossements de Gurl auraient été scellés par la Déesse après avoir été recrachés.

Le pillard découvrit dans la dernière pièce un tombeau, ne contenant les os que de malheureux passés avant lui et condamnés à une mort atroce, celui-ci sacrifia le dernier de ses compagnons pour briser le sceau et s'emparer du trésor se trouvant à l'intérieur : L'une des armes d'Érèbe.

Lorsqu'il s'empara de son manche, ce qui s'y déroula n'est pas mentionné dans la légende, mais le paladin affirma que le pillard entendit les murmures du Chuchoteur, l'un des surnoms du monstre, et dû abandonner son nom, son âme, et son corps afin de devenir l'un de ses serviteurs maudit.

Depuis ce jour, l'Ombre du Désert, la traduction littérale de Zala alsahra', se repaît de meurtres et de vols, sévissant sur Minghelle en quête de personnes capables de payer le prix de ses services, emportant toute vie sur son passage.

L'Essence de Zala alsahra', la dague découverte par le pillard alors humain, aurait été replacée au sein de l'autel, lui même incapable de la manier, son âme et la lame ne formant plus qu'un à présent. Le paladin m'a assuré que cette arme avait aujourd'hui disparue, ce qui pourrait expliquer la présence de l'ombre à Proncilia.

J'ignore qui est celui qui détient aujourd'hui ce pouvoir maléfique, mais je crains que lui même ignore les conséquences que cela pourrait avoir pour le monde, Zala alsahra' ne possède qu'un seul maître, et il s'agit d'Érèbe.

Pour ce qui est du pillard maudit, le paladin Azraël me l'a décrit ainsi :

Il vous sera impossible de ne pas savoir que vous vous trouvez en présence de ce mal ancien qu'est Zala alsahra', si sa présence vous rappelera au premier abord celle d'un utilisateur des ombres il n'en est rien. Zala alsahra' puise son pouvoir à la source même : Dans les profondeurs du Monde Ténébreux.

Encore à ce jour il demeure affublé des vêtements qu'il portait jadis, figé à tout jamais jusqu'à ce qu'enfin quelqu'un vienne l'en libérer. Sombre comme la nuit, deux lueurs verdâtres forment sur ce visage couvert d'un voile et d'un turban deux yeux chargés de haine.

A la ceinture il arbore un sabre capable de tout traverser, à l'exception des dons d'Aariba dont il faudra nous servir pour lui tenir tête, seule la lumière est en mesure de repousser l'abomination venue des Ténèbres. Dans son dos, sa cape forme un voile impénétrable capable de s'élever et d'engloutir quiconque pour le plonger dans le Monde Ténébreux.

Je ne connais à ses capacités aucune limites qui ne soient celles de nos Dieux, il ne craint ni les flammes, ni les armes, qui ne soient bénies ou marquées du sceau de la magie blanche.

Son torse et ses épaules sont recouverts d'un plastron qu'il portait jadis, qui ne font aujourd'hui plus aucune utilité, rien ou presque ne saurait l'atteindre. Ses mains sont pourvues de gantelets aux griffes acérées qui déchirent aussi bien la chair que notre réalité.

Zala alsahra' est une ombre qui n'obéit pas aux lois de notre monde, sa taille et son poids ne sont soumis qu'à son unique volonté. Aucune serrure ne saurait lui résister, si vous pensez vous trouver sur sa route, priez et enfermez vous dans le Temple le plus proche possible.

Tandis qu'il se remémoraient ces mots, Jacques se mit à prier Donblas d'accorder crédit aux derniers mots qu'Azraël avait prononcé.

La tâche ne sera pas aisée, prêtre Anarion. Mais si autrefois nous sommes parvenus à sceller son Maître, il n'y a rien que la Déesse ne puisse faire contre son serviteur.

Aidez moi à retrouver ceux qui ont le souvenir de leurs autres vies, et prévenez les que le Mal est de retour.

Jacques ignorait encore où chercher, mais il ferait tout pour y parvenir.

Donblas lui en soit témoin.