Essoufflée, Marwen jeta un coup d’œil dans son dos. Rien. Rien du tout. Elle glissa ses mains dans ses cheveux, et tira jusqu’à ce que son scalpe la brûle et que quelques mèches s’échappent de ses doigts. Elle frappa son propre crâne, comme si cela avait pu avoir un quelconque impact sur les visions infernales qui la possédaient. Elle expira et Imberato se reposa sur son épaule, le pelage du chat se glissa le long de sa joue, essuyant une des larmes de rages qui s’étaient échappées.
Tu devrais dormir.
La voix du démon résonna dans son esprit.
« Elle va me trouver. »
C’est sûr que ça a l’air beaucoup mieux, là.
« La ferme, Nyny. »
Accepte la vérité, mange et dors ; tu iras plus vite en forme.
Il avait raison, il avait raison et cela lui donnait envie de hurler. Mais Marwen se ressaisit, glissa ses mains dans ses cheveux et expira lentement en tâchant de se calmer. Cette fuite l’épuisait et surtout fragilisait un peu plus son esprit, le rendant plus perméable aux visions, elle réordonna ses boucles sauvages.
Ses pieds nus étaient escarpés par sa folle course, à l’idée d’un lit bien chaud en place des quelques loques qu’elle portait et d’un repas chaud elle saliva. Imberato avait raison. C’est ainsi que Marwen se décida à pousser les portes de l’auberge de Naep, la présence de Dranigba lui permettrait peut-être de passer enfin une bonne nuit et sans cauchemars.
Un rire s’échappa de ses lèvres, devant l’espoir absurde qui la traversait, si bien qu’elle attira les regards des habitués. Avec sa tenue, ses cheveux et ses pieds nus elle ne partait déjà pas gagnante, mais alors avec son rire de folle à lier, c’était la cerise sur le gâteau. Elle réprima un nouveau rire devant l’ironie de la situation ; s’ils avaient qu’elle pouvait tous les tuer, ils baisseraient les yeux.
Elle se faufila jusqu’au comptoir, commanda à manger et choisit les pièces qui n’étaient pas tâchées de sang pour payer une chambre ainsi qu’un repas. Elle se jucha en haut d’un tabouret en tâchant d’ignorer tant bien que mal les quelques habitués qui observaient l’étrangère, l’odeur de la nourriture la fit saliver et son estomac cria famine.
« Nous l'appelons l'Adversaire, l'un de mes ancêtres a passé un pacte avec lui et a condamné notre famille à la déchéance. »
Marwen acquiesça face à ses réponses, l'ironie de la proximité entre leurs histoires familiales respectives la fit baisser brièvement sa garde jusqu'à ce que Nyny gronde. Comme toujours, il la soutenait quand ses pensées dérivaient, la dernière démoniste des Casadeus se redressa.
« L'histoire de votre famille est très intéressante et assurément méconnue, cette personne a fait du bon travail. Ce qui semble vous réjouir. Pourriez-vous m'en dire plus, à son sujet ? Les autres descendants des Casadeus sont-ils des gens … comme nous ? »
Pour la réjouir, assurément, le peu de personnes restantes étaient une plaie qui la poussait sur les routes, tout plutôt que de finir esclave de Morgane ou trouvée par Arhena. Les triumvirat nécessitaient un démoniste et la plupart des sorts de sa famille requéraient un triumvirat. Tant qu'elle fuirait, Morgane ne pourrait pas retrouver sa force passée. Ses pensées firent onduler les muscles osseux sous la peau carmin de sa créature et le nom d'Anastasia effleura ses pensées.
"Les naissances des démonistes sont rares." Et, à choisir, Marwen aurait préféré naître ombromancienne, ça lui serait plus simple pour fuir. "Un pacte avec un démon, tué par une démoniste, a maudit la famille. La malédiction lui a survécu. A ma connaissance, il n'y en a pas d'autres, pour le moment. Mais toutes ne sont pas stériles, d'ici quelques années peut-être."
Elle garda certaines choses sous silence, celles qui pourraient pousser l'ennemi qui cherchait l'Adversaire à s'intéresser plus longuement à elle. S'il essayait, ils pourraient jauger laquelle des deux malédictions les avaient le plus pourri jusque la moelle. Nyny lui envoyait sa confiance et elle fut rapidement persuadée qu'elle l'emporterait.
"Vous n'avez toujours pas son Nom ?"
« Nous avons tous un léger attrait pour l’énergie ténébreuse, ou tout du moins, nous ne connaissons plus l’énergie vitale. » Une révélation qui ne transcendait pas l'intérêt de Mordred, chose qu'il aurait pu deviner, mais il était toujours bon d'en obtenir la certitude par la principale intéressée. Marwen s'était faite plus confiante, pas son démon. Le démoniste se contentait d'observer sa semblable, tandis que le familier en faisait de même pour Nyny.
« Notre différence réside en, déjà, ils sont au choix des humains qui se seront corrompus ou des démons. La cause de la corruption diffère, mais vous seriez incapable d’en faire de même. Ou presque.
Mordred étouffa tout mouvement de contrariété, il ne souhaitait pas vraiment devenir comme eux et encore moins comme Marwen.
Je ne suis pas la dernière descendante, il y en a d’autres. » Cette idée le fit réfléchir quelques instants avant d'étirer un sourire sur ses lèvres.
« Pas beaucoup, mais il y en a d’autres. »
Marwen semblait moins agitée à présent, Mordred la laissait s'acclimater, gagner du terrain et il était bon qu'elle se sente en confiance.
— Il y en avait, par le passé. Mais nous avons été… Un problème résolu, si vous voyez ce que je veux dire. Pas que je m’en plaigne, je dois être la plus saine d’esprit. »
La remarque lui arracha un souffle du nez, mais son masque de fer le présenta égal à lui même.
« Tous les ouvrages ont été détruits, tous les artefacts également. Les seuls qui ne l’ont pas été sont entre les mains de la personne qui se chargea de notre cas. Ils nous ont condamnés à l’oubli, pour nos exactions. »
« Pas vous, ni vos alliés. C’est tout ce dont vous avez besoin de savoir. Quel démon cherchez-vous, Mordred Al-Hazred ? »
Elle avait répondu à ses questions et en venait finalement à l'interrogation qui fit briller ses yeux. A son tour il prit quelques instants pour lui, pesant le pour et le contre. A nouveau il se décida à la vérité, tout en conservant pour lui la part d'informations qui ne lui étaient nécessaires. « Nous l'appelons l'Adversaire, l'un de mes ancêtres a passé un pacte avec lui et a condamné notre famille à la déchéance. »
« L'histoire de votre famille est très intéressante et assurément méconnue, cette personne a fait du bon travail. Ce qui semble vous réjouir. Pourriez-vous m'en dire plus, à son sujet ? Les autres descendants des Casadeus sont-ils des gens … comme nous ? » Il ne fallait négliger aucune piste, mais ces réponses pourraient orienter ses recherches.
« Votre devoir a été assuré et pour vos conseils je vous en remercie. »
Marwen reprima un mouvement des yeux vers le ciel, elle savait. Ce que les autres devinaient, elle le savait. Il pensait encore être lui-même, tout comme elle qui fuyait depuis sa libération, mais c’était déjà l’autre qui parlait. Elle savait, mais ne dit rien.
« Votre famille naît-elle avec des prédispositions à la magie noire et dans l'utilisation de l'énergie ténébreuse ? Je sais qu'il en va de même pour les Iphurnus. Ce n'est pas le cas de ma famille, bien que je dispose d'une aisance particulière. Etes-vous la dernière descendante des Casadeus ? »
Un bref sourire étira ses lèvres, les Casadeus, comme les Iphurnus ? Leurs noms rimaient, mais la ressemblance s’arrêtait là. Ce n’était pas du mépris, mais on ne pouvait comparer les esclaves des démons avec leurs maîtres. Ce qui expliquait sans doute pourquoi ils se reproduisaient comme des lapins et pourquoi elles n’étaient plus que quatre, peut-être cinq.
« Nous avons tous un léger attrait pour l’énergie ténébreuse, ou tout du moins, nous ne connaissons plus l’énergie vitale. » Elle fit quelques pas, en levant le nez vers le ciel quand Imberato ne lâchait pas du regard le démoniste à côté d’elle. « Notre différence réside en, déjà, ils sont au choix des humains qui se seront corrompus ou des démons. La cause de la corruption diffère, mais vous seriez incapable d’en faire de même. Ou presque. Je ne suis pas la dernière descendante, il y en a d’autres. » Elle se glissa à côté d’Imberato et glissa ses doigts sur son dos. « Pas beaucoup, mais il y en a d’autres. »
Ses mouvements s’étaient faits moins frénétiques et elle repoussa ses cheveux en arrière, jetant un regard d’or sur le démon aux côtés du démoniste. L’espace d’un bref instant, elle s’interrogea sur son nom. Mais la question suivante de Mordred attira son attention.
« Disposez-vous d'un domaine, d'un endroit où vos connaissances ou vos objets n'auraient pas été détruits ? Vous ne semblez pas y attacher grande importance. Et vint ensuite mon ultime question, pour l'instant, si vous le permettez. Que fuyez-vous ?
— Il y en avait, par le passé. Mais nous avons été… Un problème résolu, si vous voyez ce que je veux dire. Pas que je m’en plaigne, je dois être la plus saine d’esprit. » Elle ménagea quelques secondes, le laissant évaluer la gravité de la situation. « Tous les ouvrages ont été détruits, tous les artefacts également. Les seuls qui ne l’ont pas été sont entre les mains de la personne qui se chargea de notre cas. Ils nous ont condamnés à l’oubli, pour nos exactions. » Marwen se replaça face à lui et afficha un sourire qui fit flamber ses yeux d’or. « Pas vous, ni vos alliés. C’est tout ce dont vous avez besoin de savoir. Quel démon cherchez-vous, Mordred Al-Hazred ? »
« Nous avons cette formidable chance. Que de voir naître des héritiers plus damnés encore qu’une pucelle au milieu d’un bordel. »
C'était une Casadeus qu'il n'attendait absolument pas, cela expliquait probablement en partie sa fuite.
« Nos connaissances sont mortes avec le saque de notre famille ; la consécration ultime d’une bénédiction. Les chasseurs sont morts et ne demeurent que pestes et folies. Mais puisque vous traquez un démon, je me dois d’en respecter au moins cet ultime dogme. »
Il la laissa parler, l'écoutant avec intérêt.
« Quand bien même votre quête ne soit destinée qu’à semer les graines de la folie. Il en va ainsi, pour nous, de mourir jeunes ou de se voir vieillir pour faire pire que nos ennemis. Nous ne gagnons jamais avec les démons : nous ne faisons que perdre à chaque fois ce que nous sommes et de tuer tout ce qui pouvait être bon qui nous entourait. » Un souffle s'échappa du nez de Mordred, a ses mots ses épaules s'étaient redressées, pour la première fois il avait eu un mouvement d'inconfort. Mordred avait déjà tué tout ce qui était bon en lui, ou presque. Il ne demeurait qu'une chose l'entourant qui avait de l'importance et cela il ne la tuerait jamais. Ses pensées dérivèrent vers Isabella et le rire de la démoniste le tira de ses réflexions.
« Ma mise en garde étant placée. Posez vos questions, je sais qu’il serait vain de détourner un fou de l’objet de ses folies. » « Votre devoir a été assuré et pour vos conseils je vous en remercie. » Politesse d'usage. Les questions venaient à présent. « Votre famille naît-elle avec des prédispositions à la magie noire et dans l'utilisation de l'énergie ténébreuse ? Je sais qu'il en va de même pour les Iphurnus. Ce n'est pas le cas de ma famille, bien que je dispose d'une aisance particulière. Etes-vous la dernière descendante des Casadeus ? » Il la laissa répondre, avant de reprendre sur ses questions. « Disposez-vous d'un domaine, d'un endroit où vos connaissances ou vos objets n'auraient pas été détruits ? Vous ne semblez pas y attacher grande importance. Et vint ensuite mon ultime question, pour l'instant, si vous le permettez. Que fuyez-vous ? » Il n'attendait pas grand espoir de celle-ci, mais peut-être trouveraient-ils un intérêt commun.
Son regard oscilla de lui à son familier, tandis qu’elle continuait de tracer les prémices de sa fuite à venir dans le sol. Son pas ralenti jusqu’à s’immobiliser à mesure que ses mots traversaient son esprit.
« J'éprouve beaucoup d'intérêt pour l'une de vos ancêtres, Anastasia Casadeus. Loin de moi l'idée de réanimer sa mémoire, mais simplement de faire appel à la vôtre. »
Combien de fois ne lui avait-on pas conté l’histoire de leur ancêtre, une figure de proue pour une famille complètement déchue de tous ses idéaux. Une scission improbable pour une femme qui n’avait pas dépassé les vingt-cinq ans et dont la mort avait soulagé plus d’êtres qu’il n’était permis d’en parler. A la mention d’Anastasia, Imberato se redressa et les quelques dandinements du farfadet face à lui n’eurent que pour effet que de lui intimer la déraison de provoquer le démoniste face à lui.
« Notre adversaire le plus intime est un démon d'ordre élevé. Vous connaissez des naissances sous un signe excessivement rare. »
A son regard, la provocation fit mouche et l’énergie monstrueuse se répandit autour de lui. Marwen détourna le regard vers le responsable des dissensions. Cesse. Le démon ne répondit pas. Et cette fois la démoniste, après avoir jeté un coup d’œil à Mordred, souffla le long du lien qui les unissait des mots empreints de pouvoir. इदानींएतत् युद्धं मा आरभत, नायस्रोक्।नरकं, अहं भवन्तं निषिद्धंकरोमि।.
La bête se détourna de Mordred et se réinstalla, le corps tendu et prêt à bondir pour délester ses épaules d’un poids supplémentaire.
« Votre ancêtre est l'une des démonistes les plus puissantes dont il m'ait été donné d'entendre parler. Les connaissances de votre famille nous seraient indispensables dans notre quête. »
Une fois certaine que son familier n’allait pas trouver une faille dans ses mots pour n’en faire qu’à son plaisir, elle en revint au démoniste.
« Nous avons cette formidable chance. » Ses mots suintaient d’un sarcasme qu’elle n’essayât même pas de dissimuler. « Que de voir naître des héritiers plus damnés encore qu’une pucelle au milieu d’un bordel. »
Son sourire torve se fit déplaisant et elle lissa sa robe sale et fripée d'un geste incontrôlé.
« Nos connaissances sont mortes avec le saque de notre famille ; la consécration ultime d’une bénédiction. Les chasseurs sont morts et ne demeurent que pestes et folies. Mais puisque vous traquez un démon, je me dois d’en respecter au moins cet ultime dogme. »
La sincérité du démoniste lui semblait factice, mais cela ne lui déplut pas qu’il joue cartes sur table, aussi en fit-il de même.
« Quand bien même votre quête ne soit destinée qu’à semer les graines de la folie. Il en va ainsi, pour nous, de mourir jeunes ou de se voir vieillir pour faire pire que nos ennemis. Nous ne gagnons jamais avec les démons : nous ne faisons que perdre à chaque fois ce que nous sommes et de tuer tout ce qui pouvait être bon qui nous entourait. »
Un rire s’échappa de ses lèvres et ses yeux se mirent à brasiller.
« Ma mise en garde étant placée. Posez vos questions, je sais qu’il serait vain de détourner un fou de l’objet de ses folies. »
Il en était ainsi, les lois de ce monde régissaient leurs existences à tous. Et celle du triple frapperait au moment le plus opportun.
La disparition d'Ish'krav, Imrân et Zala alsahra' sembla soulager la Casadeus, étrangement lorsque deux démons et une légende maléfique de Minghelle n'étaient plus dans les environs l'atmosphère était plus propice à la détente, qui l'eut cru. Mordred l'écouta avec un intérêt grandissant bien que dissimulé derrière son masque, lorsqu'elle mentionna son nom il inclina faiblement la tête dans une volonté respectueuse. Elle était angoissée, ses mouvements témoignaient de toute la panique qui l'habitait et le démoniste songea que tout ceci n'avait rien à voir avec lui. De son côté le familier qui était resté debout souriait à son tour d'un air mauvais à la bête qui lui faisait face, faisant pianoter ses griffes dont la taille avait tendance à varier volontairement au gré de énergie monstrueuse qui circulait dans son corps comme une avance silencieuse de l'égorger ou de l'éventrer. « Vous n’êtes pas un nécromancien. Quel intérêt avez-vous pour les morts, Mordred Al-Hazred ? » « J'éprouve beaucoup d'intérêt pour l'une de vos ancêtres, Anastasia Casadeus. Loin de moi l'idée de réanimer sa mémoire, mais simplement de faire appel à la vôtre. » Il se décida finalement à jouer la carte de la franchise, face à une personne traquée qui semblait elle aussi disposer d'ennemis. « Notre adversaire le plus intime est un démon d'ordre élevé. Vous connaissez des naissances sous un signe excessivement rare. » Il avisa du regard la bête qui l'accompagnait avant d'en revenir à elle. « Votre ancêtre est l'une des démonistes les plus puissantes dont il m'ait été donné d'entendre parler. Les connaissances de votre famille nous seraient indispensables dans notre quête. » Et il laissa le poids de ses révélations faire leur chemin en elle.
Elle l’écouta parler en ce qu’elle devina, sans comprendre, être du Minghellois. La disparition des trois ennemis l’apaisa. Elle aurait désormais le temps de s’enfuir et de faire basculer les éclairs. Elle baissa les yeux vers la créature aux côtés du démoniste dont l’aspect famélique aurait pu la faire croire qu’une brise serait capable de la balayer. Marwen effectua quelques pas de côté, entamant de se placer à un lieu adéquat. Ou peut-être était-elle incapable de rester en place.
« Bien, souffla-t-elle. »
Son menton se redressa et ses cheveux en pagaille tombèrent en rideau sur son visage, ses yeux reprenant une apparence plus humaine. Elle cessa de molester son pouvoir et l’apaisa, le ramenant à une distance raisonnable d’elle-même.
Cela lui prit plus de temps que prévu, la haine coriace qu’elle éprouvait envers ses congénères la handicapait dans son mouvement. Elle continua à se déplacer, les éclairs se résorbèrent jusqu’à n’être que ceux qu’elle jetait du regard, il l’avait après tout empêché de profiter d’un repas et d’un lit chaud.
« Je suis Marwen Casadeus, dévoila-t-elle après avoir de nouveau marché quelques pas. »
Elle se mit à faire des allers-retours, entamant de tracer une tranchée dans le sol, Imberato tourna la gueule vers elle et s’installa au sol pour en revenir à la surveillance du démoniste face à lui. De temps à autre il dévoilait ses crocs au familier dans des viles provocations.
« Vous n’êtes pas un nécromancien. Quel intérêt avez-vous pour les morts, Mordred Al-Hazred ? »
Le propos sarcastique qui suivait manqua de franchir la barrière de ses lèvres, mais la démoniste se ressaisit avant qu'elle n'insinue des choses scandaleuses, même pour des gens comme eux. Elle continuait de marcher, en constant mouvement, comme à chaque fois que l'angoisse prenait le pas sur sa raison.
Le pouvoir de Marwen était entré en confrontation avec le sien, à cet instant son familier s'était raidit et avait sifflé entre ses dents d'un air agressif, puis il avait employé le lien qu'il partageait avec Mordred pour insulter la démoniste rivale प्रकारः कुत्सिता
Mordred resta silencieux, se contentant d'observer les réactions de Marwen et d'étudier l'aura qui se présentait à lui avec violence, quitte à réduire quelque peu la sienne pour la laisser en confiance. Ils étaient en position de force, elle avait l'air traquée, effrayée, il était inutile de chercher à imposer son pouvoir, elle réagirait comme la bête acculée et se montrerait agressive. C'est dans cette optique qu'il entreprit de réfléchir à la demande de Marwen.
« Ils partent. Vous pouvez garder au choix votre familier ou votre ombre. » « Ou eux, si vous préférez. Mais ce serait moins équitable pour vous. »
Un sourire avait étiré ses cicatrices le masque d'acier, il ne s'était jamais attendu à cette réaction de la part de cette éminente mais mystérieuse famille. Peut-être était-elle un élément hiératique.
Le démoniste l'avait observé de haut en bas, un bref instant. Puis il s'était attardé sur la bête démoniaque dont l'aspect demeurait impressionnant, un rire irritant le sortit de ses réflexions tandis que Marwen poursuivait.
« Si vous ne me voulez aucun mal, vous n’y verrez aucun inconvénient … n’est-ce pas Mordred Al-Hazred ?”
Le démon avait poursuivit, profitant de leur lien pour discuter à l'abris des oreilles indiscrètes. किं मूर्खं सा फसति सा च मन्यते यत् सा तस्मात् मुक्तः भविष्यति ? Mordred étouffa à nouveau un sourire, sous le masque, tout ceci ressemblait à une très mauvaise idée, mais il fallait lui reconnaître une chose, elle avait raison. Il pouvait la torturer et tenter de lui arracher les réponses, mais pour cela il fallait d'abord l'affronter, s'assurer qu'elle ne s'enfuit pas et une fois cela fait, espérer qu'elle finisse par se briser. Mais la Casadeus avait déjà tout d'une personne brisée, Mordred ignorait si il était encore possible de l'atteindre, il n'avait aucun psychiste dans son entourage, il ne pourrait pas s'assurer sans risque qu'elle mentait.
Il fit le choix de lui faire confiance, ordonnant en Minghellois aux hommes. "khudhhum , sa'atasil bik."
En voyant Zala alsahra' entraîner dans une nouvelle brèche les deux démons qui ne bronchèrent pas, Imrân se contentant de défier du regard la bête, tandis qu'Ishkrav resta égal à lui même, le familier poussa un râle agacé face aux décisions qu'il considérait peu judicieuse de la part de son allié. Mais ça, il en avait l'habitude. Il le trouvait parfois véritablement trop humain pour lui. Mordred et son familier, à présent seuls en compagnie de Marwen et le sien. Al-Hazred espérait que la situation se détende avec la Casadeus, mais si cela n'était qu'un piège et qu'il le fallait, ils en découdraient. Et si la fatalité devait l'entraîner jusque là, il existait d'autres Casadeus, après tout.
Marwen se tenait prête, les arbres morts seraient un combustible à la fois terrible et efficace pour sa fuite, déjà prévue. Lorsque sortit un premier démon, Imberato à ses côtés commença à remuer et le malaise se fit sentir. Ni l’un, ni l’autre n’aimait leurs congénères.
J’aurais préféré l’autre folle, je crois.
Le turban du premier ainsi que son sabre, firent se déplacer Imberato entre eux et Marwen, elle demeurait immobile, figée sur place. La terreur qui s’était emparée de ses membres demeurait invisible. Le second passa le portail.
Plus ils sont grands, plus ils tombent de haut.
Le monstre qui se présenta à elle n’abordait plus de notions humaines physiques et Marwen commença à se demander ce que signifiait cette manifestation de pouvoir et à quel point elle pourrait aisément les fuir. La nappe de ténèbres couvrait les alentours, mais elle savait où était l’arbre. Démons ou humains, monstres ou immortels, aucun n’apprécierait de se prendre un tronc sur le coin de la tête.
Elle patienta, les membres tendus, prête à décamper plus vite que l’ombre qui l’avait trouvée. L’aube viendrait, et aucune ombre ne pouvait lutter contre Danava. Aucune.
L’odeur du soufre précéda l’entrée du meneur, son masque froid lui laissa une sensation déplaisante. Il fallait bien avouer que Marwen n’était pas habituée à porter des masques, ni qu’elle en gardait un bon souvenir. L’or de ses iris dissimula le blanc de ses yeux.
La plus grande menace venait de leurs nombres, puis elle fixa son regard sur l’homme. Il venait pour l’interroger sur sa famille ? Avec un comité pareil ? La peste. Elle dévoila ses dents et laissa son propre pouvoir s’opposer l’odeur de soufre.
Elle n’hésita qu’un instant avant d’entrouvrir les lèvres.
« Ils partent. Vous pouvez garder au choix votre familier ou votre ombre. » Elle balaya les deux combattants de la main. « Ou eux, si vous préférez. Mais ce serait moins équitable pour vous. »
Se déplaçant d’un pas sur le côté, ses pieds nus dans l’herbe face à l’homme dont on ne voyait aucune peau, Imberato se replaça à ses côtés, sa gueule faisant deux fois la tête de l’humaine.
« Si vous ne me voulez aucun mal, vous n’y verrez aucun inconvénient… » Son ton avait été plus acide qu’elle ne l’avait voulu, mais Marwen avait l’habitude du mensonge, de leurs demi-vérités et tous leurs euphémismes. Elle ne cachait pas toute la méfiance qu’elle éprouvait envers cet étranger et les démons qui l’entouraient. « … n’est-ce pas Mordred Al-Hazred ?” Elle avait fait vibrer sa voix de pouvoir, et un bref sourire constitua l’unique menace dont Marwen était capable. Connaître le Nom de quelqu’un avait de l’importance. Seuls deux démonistes pouvaient savoir à quel point.
L'Ombre du Désert avait repris forme à proximité de l'endroit choisis par la démoniste, il avait écouté son propos et à nouveau s'était emparé du sabre, cette fois au lieu de tracer celui-ci vint se planter fermement dans le sol, signifiant manifestement qu'il ne comptait pas s'en servir à son encontre. Etendant son bras gantelé dans l'air c'est dans un mouvement vif débordant d'énergie ténébreuse qu'il sembla déchirer la surface de Vesperae, ouvrant une brèche vers la dimension des ombres. De celle-ci émergea d'abord un être dont la nature non-humaine ne faisait aucun doute, ses yeux rougeoyants pratiquement dissimulés par son turban et son foulard révélant ses origines démoniaques, mesurant autour d'un mètre soixante seize et disposant d'un physique musclé, une lame courbe à la ceinture. Le second à faire son apparition, plus lent, était une barraque de plus de deux mètres, son teint ainsi que ses vêtements ne laissant à son tour aucun doute sur la provenance de ses origines, deux yeux sanglants et un regard mauvais qui semblait n'être qu'une marque de courtoisie se déposèrent sur la bête démoniaque. Dans son dos se trouvait une impressionnante pagaie, arme longue et dentée sur l'un de ses tranchants, d'aspect peu orthodoxe et pensée à l'origine pour être une arme à deux mains, la carrure de l'individu exprimait un maniement d'une seule main malgré son poids et sa taille, et ce sans aucun mal. Autrefois humain ce corps avait pris des proportions titanesques sous l'influence du démon. Vint finalement le dernier, encadré par les deux premiers démons qui ne présentaient aucune inquiétude à l'idée de se retrouver face à une démoniste et son familier, un homme mesurant un mètre quatre-vingt, à la longue cape noire recouvrant l'intégralité de son corps à l'exception d'un masque d'acier d'où s'échappait par ses fentes deux yeux émeraudes. L'homme dégageait avec lui une odeur de souffre et une sensation étrangement familière, ce n'est finalement que lorsque la brèche s'apprêtait à se refermer qu'une abjecte créature aux yeux rubis et dont émergeait le vice s'était présenté à ses côtés, dressant fièrement le menton malgré son allure rachitique, le sourire malsain aux lèvres. Aucun des membres de cet étrange quatuor n'avait encore montré de volontés belliqueuses et le portail s'était paisiblement refermé derrière eux, l'Ombre du Désert venant s'étendre tel une toile de fond jusqu'à ce que sa silhouette se confonde avec la nuit, seule ses lueurs et la sensation rémanente témoignant de sa présence. Celui qui semblait être le meneur, l'homme au masque, s'était exprimé. "Je vous ai cherché si longtemps. Mon nom est Mordred Al-Hazred. Rassurez-vous, je ne vous veux aucun mal." Son arrivée en grande pompe semblait pourtant indiquer tout le contraire, mais le démoniste souhaitait être prudent en présence d'une de ses semblables et ne disposait pas d'autre soutien fiable que des démons. Si le combat devait s'engager il avait au moins l'avantage d'être venu avec ses armes. "Je souhaiterais simplement discuter avec vous, de votre famille. Mais avant ça, qui êtes-vous ?"
Imberato était rapide, à chaque pas ses empreintes s'enfonçaient dans le sol, toujours plus éloignées à mesure que les épaules du monstre se deboitaient pour changer de conformation. Il bifurqua pour rejoindre l'ouest, fuyant encore l'est. Un ennemi à la fois, chaque chose en son temps. Marwen s'accrochait à lui, une confiance aveugle dans le monstre qui l'accompagnait. En être séparée était pire que tout. Il s'arrêta au milieu de bois secs, une épaisse brume sortant de sa truffe tandis que Marwen se laissa de nouveau glisser au sol.
Elle attendit les ténèbres, sous le reflet pâle d'Amarante. Une fois la créature présente.
"Qu'est-ce que vous voulez ?"
D'un regard elle embrassa les alentours, les pupilles dilatées. Elle comptait bien obtenir des informations, et si c'était une nouvelle de Morgane, les éclairs irradiaient ses yeux dont l'iris doré disparaissait.
"Les Casadeus sont morts depuis longtemps."
Imberato gronda à côté d'elle, à ce propos.
Rien ne dévia l'Ombre du Désert de sa mission, ni la bave ni les grognements. Egal à lui même il patientait. "Suis-moi." Cette fois la réaction ne se fit pas attendre, lorsque le mouvement fut initié par la cavalière et sa bête, les silhouettes humaines se résorbèrent en lui et Zala alsahra' s'engouffra dans la nuit, se répandant dans l'obscurité comme si elle et lui ne faisaient qu'un. Les lueurs de ses yeux seuls témoins de sa progression à la suite de la démoniste, il marquerait l'arrêt lorsqu'elle l'estimerait nécessaire. Durant ce temps les autorités locales trouveraient l'auberge désertée et malmenée, les flammes seraient éteintes avec l'énergie du désespoir mais l'aubergiste ne manquerait pas de signaler les événements qui s'y s'étaient déroulés.
Marwen observa le mot, au sol.
Ils arrivent. C'est pas moi que ça dérangera un bain de sang.
Elle tourna la tête vers les ombres qui l'encadraient et déposa une main sur le dos d'Imberato qui grogna quelques insanités dans une langue gutturale, des gouttelettes s'envolant sur le parquet désormais abîmé.
Il plia les genoux et elle se hissa sur lui. Avant d'observer l'ombre à nouveau, ses lèvres se pincèrent et l'électricité fit redresser la tête à Imberato. Qui grogna à nouveau.
सि तु पुनः आरभते, जे वैस् ते बौफर।
Elle murmura une excuse et releva les yeux vers l'ombre. Autant que des innocents ne payent pas le prix de ce que sa famille lui infligerait. Encore une fois. Comme si Morgane n'était pas suffisante, il fallait qu'une ombre incapable de parler et qui n'était ni humaine, ni démoniaque, lui en veuille.
"Suis-moi."
Et sans attendre sa réponse, Imberato bondit au travers d'une des fenêtres, manquant de désarçonner sa cavalière du jour et ils disparurent en forêt.
L'auberge tombait en ruines à mesure que les éclairs frappaient l'établissement, la milice s'activait à l'autre bout de la ville, mais la présence des flammes au loin avaient ralentit leur œuvre, il fallait à présent éteindre les flammes en plus d'appréhender les criminels. A nouveau quelques instants lui furent nécessaire, puis à nouveau il traça au sol, sous le premier mot, indiquant : "Casadeus". L'ombre gardait sa main tendue, attendant patiemment une réponse positive de son interlocutrice.
Elle arqua un sourcil, prise au dépourvue par le temps de latence puis sur les tracés au sol de l'ombre face à elle. Ce qui aurait pu avoir un effet menaçant - et son cœur qui menaçait de s'emballer, heureusement ralenti par celui d'Imberato à côté d'elle, en attestait - lui fit monter un rire nerveux rapidement réprimé.
Marwen lut ce qu'il avait écrit grâce à la lumière qui revenait et observa de nouveau l'ombre face à elle.
Arrête de discuter. On n'a pas le temps, si tu m'avais écoutée, on ne serait pas pressé par la milice, Marwen.
Elle ignora son familier et observa à nouveau l'ombre.
"De quoi voulez-vous parler ?"
Ses manières laissaient à désirer et Marwen ne désenrageait pas, peut-être Nyny n'était pas étranger à cela. Les éclairs crépitaient autour de ses mains et les arcs de foudre frappaient toujours le sol dans une odeur de brûlé.
"Que voulez-vous ?" Les mots de Marwen n'eurent dans un premier temps aucun effet sur la légende. Puis, déposant son regard verdoyant sur le familier il comprit que la bête ne comptait pas l'attaquer. Zala alsahra' reporta son attention sur Marwen, d'un geste lent et dans un mouvement d'une certaine passivité il traça au sol, de la pointe de son cimeterre, le plancher craquait sous l'acier, décidément bien amoché par les protagonistes. Il termina son œuvre, présentant à Marwen, à l'envers, le terme "Discussion". La lumière revenait progressivement dans l'auberge tandis que la légende rétractait son pouvoir, dévoilant plus amplement l'établissement qui se consumait dans la nuit.
Marwen ne s'arrêta pas sur les ombres autour d'elle, elle ne leur donna aucune attention, refusant de leur conférer plus de pouvoir sur le monde qui ne leur appartenait pas.
Vesperae appartenait aux vivants et la démoniste connaissait bien les affres des sorts de magie noire, aussi fut-elle surprise en la voyant s'arrêter et observa la main intimant à son familier d'attendre.
Elle observait toujours l'ombre, les éclairs bondissant entre ses doigts et dans ses yeux d'occultes symboles se dépeignaient. Sa voix était écorchée, comme si finalement parler le commun n'était plus habituel pour elle.
"Que voulez-vous ?"
Imberato gratta le sol, tandis qu'un filet de bave dégoulina le long de ses crocs jusqu'au sol. L'acidité entama de dévorer le parquet et il se retenait à grande peine.
La créature continuait sa route, tout autour de Marwen les ombres avaient pris forme, devenant des silhouettes humaines sans visages, loin d'être agressives elles formaient un simple cercle autour des deux traqués. La bête avait fait tourner le regard de la légende qui s'avançait inexorablement vers sa quête, lorsque le tabouret s'était envolé dans sa direction, un voile ténébreux s'était élevé dans lequel l'objet s'était à tout jamais évaporé. Alors au milieu de la scène, sans jamais quitter de son regard verdâtre la démoniste, la créature avait tendue ses griffes, paume dirigée vers le haut. Dans ses yeux un ersatz d'expression humaine s'était animée. Zala alsahra n'était pas venue combattre. A mi chemin, sans attitude hostile, il laissait à son adversaire l'avantage. Sa main tendue vers la démoniste en appelait à une invitation.
Marwen observait la silhouette s'avancer et une fois que les clients s'enfuirent de la pièce, elle put enfin parler à son allié. Sa voix résonna dans la pièce et ses yeux furent envahis par une lumière bleutée.
"प्रोटेगे-मोइ ।"
Imberato déploya ses ailes ses crocs grandissant et, maintenant qu'ils étaient seuls, Imberato grandit dévoilant des crocs et un corps rougeoyant dans une explosion d'énergie monstrueuse. Les yeux de Marwen prirent une teinte dorée, et l'héritère des Casadeus déchus, des chasseurs de démons qui avaient suivie la première de leur lignée dans une folie furieuse.
La démoniste releva les yeux et cette fois, son coeur se mit à ralentir pour battre à la même mesure de celui du monstre à ses côtés, il Imberato grandit encore et encore, sa peau se mit à rougeoyer.
Une once de peur envahi le coeur de Marwen face aux ténèbres qui s'approchaient d'elle, mais elle la repoussa et la bête à ses côtés, elle, n'avait qu'une envie.
Bientôt sa gueule atteignit sa hauteur et il était aussi grand qu'elle, il planta ses griffes dans le sol.
La bête lâcha un rugissement et le lien qui unissait la démoniste à son familier, à ses côtés depuis aussi longtemps qu'elle s'en souvenait, et cette fois elle releva les mains devant elle en incantant d'une voix transformée par le lien qui unissaient les deux entités.
Nysrock balaya un tabouret pour frapper l'ombre, les oreilles dressées sur son crâne et se pourlécha un peu plus les babines, avide à l'idée de dévorer les ténèbres face à lui.
Alors que les vitres s'étaient brisées les clients avaient poussés un cri de surprise, puis ils s'étaient empressés de se diriger vers la porte, d'autres vers les fenêtres puis certains encore firent l'erreur de se rendre à l'étage. Même l'aubergiste fini par abandonner son établissement face à la déferlante de pouvoir de la chéromancienne, allant rapidement prévenir les autorités de la situation. Alors que les éclairs jaillissaient, produisant une lueur éphémère rapidement par l'obscurité ambiante, les flammes furent bien plus efficaces pour venir à terme des ténèbres, mais rien ne semblait pouvoir venir à bout de l'une des horreurs de la nuit qui venait de pénétrer d'un pas dans l'auberge. Ses bottes étaient noires, comme l'intégralité de sa tenue, traditionnelle de Minghelle. Sa grande cape décharnée formait un voile sombre derrière lui, traînant sur le plancher de l'établissement, celle-ci traînait dans les flammes, étouffant légèrement la lueur produites par celles-ci tandis qu'il progressait, mais aucune d'entre elles ne semblait en mesure de consumer l'être surnaturel. Sa main droite enfoncée dans un gantelet doté de griffes, sa main gauche disposée sur un long sabre de fer noir ne disposant d'aucun fourreau. Sous son turban, mais au dessus de son foulard, deux lueurs verdâtres fixaient Marwen sans se soucier des flammes sur sa route. Les menaces n'effrayaient pas l'Ombre du Désert, les flammes n'arrêtaient pas l'Ombre du Désert. Marwen n'avait encore réussi à employer aucune arme susceptible ne serait-ce que de ralentir Zala alsahra'. Et sous ses pieds les ombres s'étendaient dans la direction de la chéromancienne et de son familier à l'image de membranes menaçantes, s'étendant sur les murs de parts et d'autres de la Casadeus. Il avançait, imperturbable et horriblement silencieux.