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[Cyrha] Souris pour Lanjis

[Cyrha] Souris pour LanjisTexte de Ràlas
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Texte de Ràlas

Lanjis approchait et la Serf était toujours perdue, incapable de trouver le moyen de remettre un sourire sur le visage de la jeune mage enfermée, de lui trouver un espoir au fond de sa détresse, de lui faire comprendre qu'elle n'était pas la principale responsable de l'Oeil Noir. Et cela n'était pas aidé par ceux qui pensaient qu'elle l’était, incapable de comprendre qu'elle avait été manipulée et qu'elle n'avait aucune conscience de ce qu'elle faisait ; qu’elle n’était qu’une autre victime des mages noirs, et qu’avoir survécu n’était pas forcément une chance. Il fallait avoir appelé la mort de tout ses vœux pour le savoir, de l’avoir souhaité au plus profondément de son âme. 


À Lhynn, elle prenait enfin le temps de renouer avec un passé lointain, et des bribes de souvenirs se reconstruisaient au travers de ceux de Samuel et de sa mère. De faux souvenirs pour elle, certes, mais qui racontait un peu plus ce qu'elle était avant que Minghelle ne l’engloutisse, écrasant sa vie ici, et détruisant tout ce qu’une mère avait tenté de construire pour sa fille malgré l’absence d’un père qui croupissait en geôle. 


Peut-être était-ce la raison pour laquelle elle était si peu en proie à la nostalgie, ou peut-être était-ce simplement dans sa nature, à elle qui fonçait toujours droit devant. Il fallait bien avouer qu'elle n'avait pas beaucoup à regretter, l'insouciance perdue l'avait été sur cette plage qui avait fait d'elle une esclave, et les souvenirs d'avant étaient trop vagues pour s'y accrocher. 


Sur cette plage, pourtant, elle était revenue. Elle avait insisté pour y aller seule et, malgré son manque d’inclinaison à la nostalgie, elle se replongea dans les eaux froides de son passé, à la recherche de réponses auprès de l'adolescente sans avenir qu'elle avait été. Si la Serf ne trouvait pas les mots, Cyrha savait qu’au fond d’elle se cachait une part de la réponse, qu’elle devait simplement verbaliser ce qui l’avait liée à la jeune mage, ce qui faisait qu’elle, parmi tous, portait, pour Viani, l’espoir d’un avenir plus chaleureux.


Elle lui avait déjà raconté les mines et leurs jeux, sans que ça n’entame l’armure qu’elle s’était construite pour se protéger de tout. Il fallait plonger plus profondément dans ces eaux, plus loin. Soudainement, la marque sur son dos se rappela à son bon souvenir, comme cela arrivait régulièrement depuis ce jour, et la douleur qui lui traversa le dos lui offrit alors la réponse qu'elle cherchait. 

 

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Au cœur de Lanjis, le temple de vie en regorgeait. La concorde avait son importance dans ces fêtes familiales. La Serf avait choisi, elle, de quitter son nid pour rejoindre celle qui n'en avait pas. Elle lui avait promis qu'elle ne l'abandonnerait pas, et c'était une promesse qu'elle comptait tenir. Elle salua les prêtes et les paladins, et leur expliqua qu’elle était venue voir la jeune Viani.


Elle s’installa sur un banc, dans le jardin du temple, en attendant la venue de celle qu’elle considérait être sa protégée, et fait sortir la petite gerbille de sa sacoche, la laissant parcourir son bras, et ses épaules avant de finir sur sa main opposée, où la mage innée avait laissé quelques miettes pour une autre de ses protégées. La fermeture du domaine avait eu ça pour conséquence négative, elle pouvait difficilement voyager tout en ayant un lieu où garder les animaux blessés dont elle prenait soin. Il fallait bien avouer que la téléportation était un don pratique. Linette, en tout cas, se portait facilement lors de ses voyages, et à voir ses déplacements et son appétit, elle se portait mieux.


La Serf releva alors le visage vers la prêtresse et Viani, avant de remercier la prêtresse et d’accueillir la jeune fille comme il se devait, échangeant avec elles quelques phrases d’usages dont ses réponses étaient, au mieux, laconique.


« Je suis désolée de ne pas avoir pu être plus présente à tes côtés ces derniers temps. »


Cyrha hésita à justifier son absence par ses obligations, avant de se rendre compte que cela n’importait pas, ce qui importait pour elle, c’est qu’elle n’avait pas été là, qu’elle avait d’autres priorités qu’elle.


« Mais si tu as besoin, je serais là, t’avises pas de l’oublier. »

 

Elle observa la gerbille remonter sur son épaule, cherchant ses mots pour tenter de lui parler, de réussir a créer un lien avec elle, un lien autre qu’une simple dépendance de fait. Elle approcha alors sa main de la souris pour la faire revenir dessus, avant de la tendre vers Viani.


« Elle s’appelle Linette, et elle a été blessée récemment. Elle va mieux, mais elle a encore besoin que quelqu’un veille sur elle. »


Son regard se tourna alors vers l’adolescente, et sans vraiment attendre de réaction de sa part, elle décida de continuer.


« Ça va te paraître idiot, mais si je suis encore en vie, c’est grâce à l’une d’elles. L’une d’elles m’a sauvé la vie, à un moment où j’aurais tout donné pour qu’on me laisse mourir. Après les mines dont je t’ai déjà parlé, j’ai été achetée par un puissant Minghellois afin de servir de cobaye à ses expériences. Il veillait à ce que je sois bien traité afin que je survive autant que possible, afin que je supporte la douleur de ce qu’il m’infligeait. Je devais avoir ton âge, à peu près, quand ça a commencé. Je n’avais personne là-bas, et les souffrances causées par ses expériences ne s’arrêtaient jamais vraiment. Je n’avais rien pour ne pas penser à ces douleurs et à ce destin sans issue qui m’attendait. Chaque jour serait pire que le précédent, jusqu’à ce que mon corps ou mon esprit lâche. Et puis un jour, une petite gerbille s’est faufilé jusqu’à ma chambre, et petit à petit, je me suis attachée à elle. Je me souvenais alors des mots d’un de mes anciens amis des mines, Salama, hataa fi 'ahlak al'aemaqi, yantahi al'amal dayman bi'iijad tariqa, même dans les profondeurs les plus sombres, l'espoir finit toujours par trouver un chemin. Alors je l’ai appelé comme ça, al’amal, Espoir. Elle m’aidait à ne pas penser à mes douleurs, et à ce qui m’attendait. »

 

Elle grimaça, comme si le souvenir de ces douleurs éveillées la marque qui trônait sur son dos. Une douleur qui ne cesserait jamais de se rappeler à elle, et de lui rappelait d’où elle venait. Un mal pour un bien : au moins n’oublierait-elle jamais ce que c’était d’être à cette place.


« Mais ce n’est même pas comme ça qu’elle m’a sauvé, même si elle m’a aidé à tenir. La douleur a fini par avoir raison de ma volonté, et, à ses côtés, je me suis mise à supplier les dieux, ou tout être capable de m’exaucer, de me donner la mort. Ce n’était pas un caprice, un faux vœu. J’ai vraiment appelé la fin de tout mon être. Mais comme elle ne venait pas, j’ai observé la souris, et j’ai alors souhaité n’être plus que ça, une souris. Ma volonté a, je suppose, éveillé le don qui m’habitait, et je suis devenue une souris. Et al’amal m’a guidé hors de cette vie. »


La souris se mit à courir sur ses doigts, et la métamorphe les fit bouger afin qu’elle puisse continuer sa course. Après un court moment, elle tendit à nouveau pleinement sa main vers Viani, l’invitant à présenter la sienne à Linette. 


« En Lanjis, l’on offre à ceux qui nous sont chers des cadeaux qui ont un sens pour nous et qui pourrait en avoir à ceux à qui on l’offre. Elle ne t’aidera sûrement pas autant qu’al’amal m’a aidée, mais la compagnie des animaux m’a toujours aidé a apaiser mes pensées, et peut-être qu’elle pourra t’aider à apaiser les tiennes. Peut-être qu’elle te rappellera aussi que l’espoir finit toujours par trouver un chemin, même dans les profondeurs les plus sombres. Tu veux bien prendre soin d’elle ? »


Viani

Viani

Aucune faction connue

Cyrha

Cyrha

Serfs de l'Occulte

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