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Renvoi
Texte de Kyanite
Ce n'est pas une décision que je prend de gaieté de cœur, mais nous ne pouvons pas nous permettre de laisser encore le nom de la Brigade être associé à des affaires troubles.
Elle progressait à présent avec difficulté entre les murs de la commanderie de la Capitale, les jambes tremblantes, dans son gantelet de fer serré reposait l'absence de son ancien insigne, celui qu'elle avait poursuivit depuis quatre ans lorsqu'elle s'était engagée dans l'armée.
Vous n'avez aucun mauvais état de service à cette exception, vous pourrez tenter à nouveau votre chance lorsque cette histoire sera derrière vous.
Elle s'appropriait une dernière fois l'endroit qu'elle s'était surprise à tant aimer, autant lorsqu'elle en avait rêvée plus jeune que lorsqu'elle avait véritablement fait partit de la famille entre ses murs.
Une famille. Elle se souvenait avec exactitude des propos que le capitaine avait tenu après les événements de la Mère à Gathol, les cauchemars contre lesquels elle était parvenue à lutter, cette fois encore. De la vision de Danarius, qui était désormais aussi bien mort dans la réalité que dans ses songes.
Vous avez perdue d’innombrables heures de sommeil ce soir, soldat. Mais si tel est votre souhait, vous avez trouvé la certitude d’œuvrer pour une cause juste. Notre division est une famille, ensemble nous braverons de nombreuses épreuves pour que la plupart des habitants de ce Royaume n’aient pas à croiser dans les rues de leurs villes les calamités qui peuvent joncher les terres hostiles de Vesperae. Vous trouverez ici une famille, n’hésitez pas à vous confier à eux sur ce que vous ressentez, sur ce qui hante vos nuits. Ils ressentent la même chose que vous, Anaïs.
Ses poings se serrèrent si forts qu'elle peinait à se déséquiper, tandis que ses cheveux détachés et propulsés sur son visage participaient eux aussi à obstruer sa vue.
C'est ce qu'elle avait fait, elle s'était confiée, dans l'espoir de protéger, peut-être trop tard certes, mais qui était-elle du haut de ses vingt années de vie, ses quatre années de service, pour savoir comment réagir face à la menace imminente et tangible de tuer sa famille ?
Son regard trouva à nouveau l'absence de son insigne tandis qu'elle se libérait du poids de son plastron. Et elle trouva par elle même la réponse : Pas une louve blanche.
Abandonnant la carcasse de soldate qu'elle n'était plus, détachant les deux armes qui lui avaient été confiés, avec la confiance du Royaume, elle se dirigea vers la forge pour les remettre, ne conservant avec elle que l'épée portant la bénédiction de Dranigba, une quête à laquelle elle n'avait pas échouée et qui participa à la réchauffer avant que les mots de Narthran ne s'imposent à nouveau à son esprit.
Présentez-vous au Temple de Donblas et d'Aariba, contactez le prêtre Anarion et le paladin Azraël, ils vous aideront à vous libérer des chaînes qui pourraient persister malgré la rupture de votre contrat.
Puis les derniers.
Je regrette, Anaïs. Vous ne pouvez plus être des nôtres. Pas pour le moment.
Qu'est-ce que lui avait apporté la clémence et la tempérance dont pouvait faire preuve Théa ? Que d'être à son tour destituée de ses fonctions. Jack n'avait pas hésité une seule seconde, elle avait conservée son poste, elle. Et lui avait sauvée la vie.
Mais ce n'était pas la clémence, ou le jugement juste qui avait conduit Anaïs à ce résultat. Ce n'était que le lot de mauvaises décisions, de circonstances injustes, mais aussi de lâcheté qui l'avait empêché de faire ce qui était nécessaire.
En se remémorant que certaines choses étaient parfois nécessaires elle renversa sur sa route ce qui pouvait s'y trouver, de frustration, et attira quelques regards interloqués qu'elle ne releva pas avant de se diriger vers la taverne des soldats.
S'arrêtant au pied de la porte, elle fut remarqué d'un regard par Sorel et Rutheford, Raphaël et Elthina, qui comprirent immédiatement.
Il n'était pas difficile d'en faire autrement, à sa mine blafarde, ses poings serrés, sa tenue civile froissée, mais aussi ses cheveux formant des cascades chaotiques sur son visage et ses yeux brillants.
Ils furent d'un grand réconfort, de mots tendres, d'étreintes chaleureuses et de judicieux conseils.
Mais lorsqu'elle se retrouva à nouveau seule à la maison elle ne put s'empêcher de repenser à la jeune soldate ayant reçue sa lettre d'admission un 14 Kitisbé de 1253, dont le rêve avait viré au cauchemar, puis en éclats.
Et elle se mit à prier, sans savoir vraiment à qui, sans vraiment savoir pourquoi.
Mais elle l'implora que cette descente aux Envers connaisse enfin une fin.