Essoufflée, Marwen jeta un coup d’œil dans son dos. Rien. Rien du tout. Elle glissa ses mains dans ses cheveux, et tira jusqu’à ce que son scalpe la brûle et que quelques mèches s’échappent de ses doigts. Elle frappa son propre crâne, comme si cela avait pu avoir un quelconque impact sur les visions infernales qui la possédaient. Elle expira et Imberato se reposa sur son épaule, le pelage du chat se glissa le long de sa joue, essuyant une des larmes de rages qui s’étaient échappées.
Tu devrais dormir.
La voix du démon résonna dans son esprit.
« Elle va me trouver. »
C’est sûr que ça a l’air beaucoup mieux, là.
« La ferme, Nyny. »
Accepte la vérité, mange et dors ; tu iras plus vite en forme.
Il avait raison, il avait raison et cela lui donnait envie de hurler. Mais Marwen se ressaisit, glissa ses mains dans ses cheveux et expira lentement en tâchant de se calmer. Cette fuite l’épuisait et surtout fragilisait un peu plus son esprit, le rendant plus perméable aux visions, elle réordonna ses boucles sauvages.
Ses pieds nus étaient escarpés par sa folle course, à l’idée d’un lit bien chaud en place des quelques loques qu’elle portait et d’un repas chaud elle saliva. Imberato avait raison. C’est ainsi que Marwen se décida à pousser les portes de l’auberge de Naep, la présence de Dranigba lui permettrait peut-être de passer enfin une bonne nuit et sans cauchemars.
Un rire s’échappa de ses lèvres, devant l’espoir absurde qui la traversait, si bien qu’elle attira les regards des habitués. Avec sa tenue, ses cheveux et ses pieds nus elle ne partait déjà pas gagnante, mais alors avec son rire de folle à lier, c’était la cerise sur le gâteau. Elle réprima un nouveau rire devant l’ironie de la situation ; s’ils avaient qu’elle pouvait tous les tuer, ils baisseraient les yeux.
Elle se faufila jusqu’au comptoir, commanda à manger et choisit les pièces qui n’étaient pas tâchées de sang pour payer une chambre ainsi qu’un repas. Elle se jucha en haut d’un tabouret en tâchant d’ignorer tant bien que mal les quelques habitués qui observaient l’étrangère, l’odeur de la nourriture la fit saliver et son estomac cria famine.




« Nous l'appelons l'Adversaire, l'un de mes ancêtres a passé un pacte avec lui et a condamné notre famille à la déchéance. »
Marwen acquiesça face à ses réponses, l'ironie de la proximité entre leurs histoires familiales respectives la fit baisser brièvement sa garde jusqu'à ce que Nyny gronde. Comme toujours, il la soutenait quand ses pensées dérivaient, la dernière démoniste des Casadeus se redressa.
« L'histoire de votre famille est très intéressante et assurément méconnue, cette personne a fait du bon travail. Ce qui semble vous réjouir. Pourriez-vous m'en dire plus, à son sujet ? Les autres descendants des Casadeus sont-ils des gens … comme nous ? »
Pour la réjouir, assurément, le peu de personnes restantes étaient une plaie qui la poussait sur les routes, tout plutôt que de finir esclave de Morgane ou trouvée par Arhena. Les triumvirat nécessitaient un démoniste et la plupart des sorts de sa famille requéraient un triumvirat. Tant qu'elle fuirait, Morgane ne pourrait pas retrouver sa force passée. Ses pensées firent onduler les muscles osseux sous la peau carmin de sa créature et le nom d'Anastasia effleura ses pensées.
"Les naissances des démonistes sont rares." Et, à choisir, Marwen aurait préféré naître ombromancienne, ça lui serait plus simple pour fuir. "Un pacte avec un démon, tué par une démoniste, a maudit la famille. La malédiction lui a survécu. A ma connaissance, il n'y en a pas d'autres, pour le moment. Mais toutes ne sont pas stériles, d'ici quelques années peut-être."
Elle garda certaines choses sous silence, celles qui pourraient pousser l'ennemi qui cherchait l'Adversaire à s'intéresser plus longuement à elle. S'il essayait, ils pourraient jauger laquelle des deux malédictions les avaient le plus pourri jusque la moelle. Nyny lui envoyait sa confiance et elle fut rapidement persuadée qu'elle l'emporterait.
"Vous n'avez toujours pas son Nom ?"