Introduction

« Ce nom vous dira peut-être quelque chose, surtout si vous venez d’Argelas. Selon toutes probabilités : il ne sera qu’un écho lointain de vos souvenirs qui se sont concentrés sur quelque chose de plus important.

Peut-être direz-vous « Ah, mais c’est bien sûr ! » si l’herboriste d’Argelas, d’un sourire encourageant, vous rappelait que c’est son nom. Celui de petites gens qui ont formé l’un des premiers syndicats de la Grande Guilde, celui de petites gens qui n’ont jamais fait taire l’ambition des grandes choses.

Ils ne sont guère des mages, la plupart s’en offusquerait si vous en évoquiez la possibilité. Ils ne sont point de la noblesse de traverse.

Le dos courbé, ils ont ramassé ce qui se trouvait là, au sol, ce que tout le monde dédaignait et ignorait. Ils ont pris de la merde et en ont fait de l’or, et en faisant cela, nous avons acquis plus de connaissances que vous ne pourriez l’imaginer.

Que Dranig m’en soit témoin, cette connaissance, un jour, nous permettra de reprendre ce qui nous avait été arraché. C’est ça, les Shanley. »

- Un soir, la première discussion entre Imeda Shanley et Jurgen.

Origine

« Nous ne sommes pas certains, encore, d’où remonte notre nom. Nos recherches généalogiques ne nous permettent pas de retrouver d’où nous venons. Peut-être n’est-ce qu’une simple invention, ou peut-être davantage. Nos recherches remontent de manière certaine jusqu’en 1069 avec Daredjan Shanley, première du nom. Nous pensons néanmoins que nous trouverions des origines dans le Royaume des Forêts. Elle était déjà une alchimiste, la famille était alors plus étendue qu’aujourd’hui, mais nos ancêtres vibraient de liberté et refusèrent la domination de Roland Ier… Et la famille fut décimée dans les affrontements par la pacification de notre cher conquérant.

En cela, tu dois savoir, que quelles que soient tes pensées des dieux ou des rois, il ne faut jamais les révéler. Les dieux et la vaste fumisterie qu’ils représentent, leur assaut répété sur nos pensées pour nous conditionner à agir comme bon leur semble. Cela, tais-le, conserve le pour toi, car nos ancêtres ont péri pour cela. Mais tu sais, ça nous arrange.

Nous sommes satisfaits d’être oubliés tandis que nous nous reconstruisons, nous rebâtissons la famille telle qu’elle fût et cette fois, nous ne serons pas dupés. »

- Edzela à Medea, lors de l’une de ses leçons.

La Grande Guilde

« Pourquoi es-tu aussi têtu ? Nous faisons bien de les rejoindre. Non, laisse-moi terminer. Je te sens venir avec tes prudents arguments et tes sophismes qui tombent en pluie. Le syndicat des alchimistes est la meilleure chose qui puisse nous arriver. Ils sont influents mais avec nous, ils le seront davantage. Nous le serons davantage.

Seuls, nous ne parviendrons à rien. Nous n’avons pas assez d’or pour acheter les ingrédients, ni entretenir nos ateliers. Tout juste de quoi nourrir nos enfants. Veux-tu qu’ils continuent de vivre dans la misère ? Si c’est cela, continue. Continue de t’entêter à ne rien faire et nous verrons bien où nous en sommes ensuite. Tes expériences ne rapportent pas d’or, pensais-tu vraiment que soigner les gens nous rendraient riches ? Les idéaux ne mettent ni pain sur la table, ni toit au-dessus de la tête et je me refuse à vivre dans la pauvreté pour que tu puisses te gausser de t’être fait seul, tu entends ?!

Nos jumelles, Grigol et Mihaïl ont besoin d’une vie digne de ce nom. Je t’ai laissé du temps, je t’ai laissé prendre toutes nos ressources. Je me suis affamée pour que tu aies les ingrédients qu’il te fallait et où est ton grand projet ? Des années à ignorer tes propres enfants pour quoi, au juste ? Nous avons besoin d’aide et de soutien, pour nos enfants et nos petits-enfants à venir. Je me lierai à eux, avec ou sans toi. »

- Sophia à son époux, en pleine discussion enflammée.

La tradition

« Quel que soit ton choix, je l’accepterai, sache-le. J’espère seulement que tu seras fière de celui-ci et que tu représenteras nos couleurs avec plaisir. Nos choix nous orientent, ils nous décident et font de nous ce que nous sommes. Mais c’est à nous de prendre nos décisions et de nous les approprier, c’est ça qui importe. Que tu choisisses les arts, ou la nature, que tu choisisses les rouages ou les pierres, tout me conviendra. Et quoiqu’il arrive, nous serons derrière toi. Il n’y a pas de sots métiers et nous t’épaulerons pour t’aider à briller dans celui-ci.

Exceller, c’est ce que nous faisons de mieux, mais l’excellence ne vient pas de la richesse ou de la gloire que l’on récolte, c’est de ne jamais cesser d’apprendre car tout est à prendre.

Que ton sang côtoie les touches d’un piano ou d’un pinceau, que ton essence alimente rouage ou qu’elle devienne l’ingrédient de l’une de tes potions, les Shanley seront à tes côtés. Nous ne sommes pas aussi grands que nous le souhaiterions, mais nous sommes soudés et nous donnerons tout pour t’épauler.

Lorsque ton choix sera fait, tu pourras chercher un maître à apprendre et nous t’offrirons tous ses services. La seule chose que tu nous devras est d’écrire ce que tu auras appris et découvert. Ce n’est rien de plus terrible que cela. »

- Grigol à Tsisia, avant son assimilation dans la famille.

Les troubles

« Au regard de cette pièce vide, je ne sais quel venin encore je devrais proférer pour protéger les secrets de notre famille. Pourquoi ?! Pourquoi dois-je encore me distraire de ce qui compte vraiment ? J’ai tout fait pour réussir, tout ! Et je suis en train d’y arriver.

Même en parvenant à trouver cette solution, qu’en feront-ils pour protéger ce qu’il y a à protéger ? Comment puis-je les aimer et les chérir s’ils me volent mes recherches pour de l’or ? Nous ne devrions jamais les vendre, nous devrions trouver d’autres solutions.

Et pourtant ils veulent vendre, encore et encore, faire de l’or pour de l’or. Ils en oublient la véritable valeur des choses. Les potions sont créées pour la connaissance et le savoir, pas pour l’enrichissement. Mais sans eux, comment pourrais-je continuer ? » *Soupir* « Je dois trouver une solution, une solution pour créer de l’or… Et surtout me préparer. »

- Soliloque de Keanys

Les recherches

« Comment ça, tu ne peux rien rédiger ? Si tu me profères que l’art n’est pas un travail et qu’il naît d’une quelconque inspiration, tu vas entendre parler de la fiole.

— Je ne sais pas, c’est du jeu d’acteur, je ne peux pas expliquer comment me vient l’inspiration ! Elle naît, c’est comme ça, l’idée fleurit et je ne sais pas quel processus, je ne peux pas décortiquer quelque chose de pareil. Ce n’est pas une rec…

— Cesse tes inepties. C’est une recherche comme toutes les autres. Simuler une émotion se voit, lorsque tu dois simuler la tristesse tu pleures, tu tires tes traits vers le bas, ton regard change : c’est cela que tu dois capturer.

— Je ne peux décrire quels muscles je dois solliciter. C’est différent, chaque tristesse ne se ressemble pas. Cela dépend de tant de facteurs qu’on ne peut les conceptualiser.

— Tu me fatigues… Mais soit, je ne voulais pas en arriver là, Imeda. Je ne le voulais véritablement pas. C’est un de nos derniers héritages et prends en soin. »

Imeda s’empara du carnet, lui offrant un regard colérique et sceptique quant à l’efficacité du carnet. Edzela l’observa disparaître avec ce qu’elle avait retrouvé dans les affaires de sa jumelle.

« Tu ne seras plus capable de m’en vouloir, mais nous devons respecter nos traditions. »

- Discussion entre Edzela et Imeda

Arbre généalogique

Arbre généalogique des Shanley (incomplet)