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Amitié épistolaire
Texte de Kelora
Livia finissait de rédiger la missive, sous la toile de tente qu’ils avaient emmené. Zevran et Guenièvre devaient faire leurs affaires de mages, ou peut-être était-il sorti lui apprendre de quelconques arcanes des armes qui échappaient complètement à Livia.
Elle leva la plume au-dessus de la lettre, et entama de rédiger lentement sa missive à Lucinda. Depuis quelques temps, peu avant le bal de l’union, elles échangeaient comme à l’ancienne époque. Celle où le maléfice de ses parents les avaient rapprochées au cours de lectures dans la bibliothèque du temple de Donblas, autour de contes, d’aventures et de débats animés au sujet de la magie même.
Avec leur mort, le contact s’était brisé quand elle avait refusé de faire à nouveau partie des Thaumaturges. Parfois, le lien lui manquait, la certitude de savoir toute une fraternité à ses côtés, mais Livia savait que certains liens devaient être brisés pour que d’autres puissent renaître et, les fantômes Fossecrelle cédaient place à une nouvelle ère pour ceux qui considéraient la nature trop pauvre pour lutter contre les prodiges de l’esprit.
« Lucinda,
Tu seras surprise de savoir que mon voyage se déroule sans heurts, jusqu’à présent. Nulle fin du monde m’a été prophétisée, ni même des monstres, et pas même une écharde. Une aubaine, j’aurais eu l’air bien ridicule à côté de mes compagnons de voyage. Entre nous, j’ai l’impression d’avoir été montée avec deux pieds gauches en place d’une quelconque capacité à me mouvoir comme eux.
J’ai bien réfléchi au nom et je ne suis pas d’accord avec toi. L’union est plus simple et plus compréhensible que connexité. De plus, cela pourrait être détourné de manière tout à fait scandaleuse. L’alliance est déjà prise, je n’aimerais pas que l’on doive expliquer aux autorités que nous volons leurs noms. Et que les douze te gardent de fraternité, je ne me vois pas expliquer à l’assemblée qu’ils peuvent devenir frères avec les Trencavel.
A la limite, que dirais-tu de Desideratum ? A la limite, si nous échouons à faire le lien, nous pourrons toujours envoyer une missive avec un petit erratum, justement : « Au temps pour nous, oups. »
Et je crois qu’au fond le nom importe peu, ce n’est qu’une même égide sous laquelle nous serions unis pour dissiper les mésententes et les conflits qui nous ont tant animés par le passé en faveur d’un renouveau bienvenu, nous pourrions nous nommer : le comité de la discussion et des échanges en toute diplomatie…
Un instant, je sens une idée me venir. Entente Galvanisée Individus des Différentes Fédérations, je ne trouve pas mieux que fédérations pour faire le « E » de la fin d’égide. La plupart oublierait la signification entière, mais le mot simple permettrait de savoir où nous en sommes ?
Enfin, le nom n’importe pas tant que même Brunehilde m’a envoyée une missive enflammée sur les informations qui ne lui avaient pas été transmises et qu’elle dû apprendre de la bouche d’un ennemi plutôt que de la nôtre, concernant d’étranges faits avec des dragons, des démons et autres sorcelleries dont seuls nos ennemis ont le secret.
Heureusement, j’ai eu la réponse toute trouvée pour régler le problème, puisque j’œuvrais déjà à réunir l’ensemble des informations en notre possession pour la transmission aux différents partis, mais je ne parviens pas encore à régler la problématique concernant le vol de celles-ci et la vente à nos ennemis.
Adélie a, quant à elle, suggéré que la personne qui dévoilerait les informations pourrait être marquée d’une manière ou d’une autre, mais cela me semble trop proche des malédictions pour que je me sente véritablement à l’aise avec ceci, qu’en penses-tu ?
J’ai bien sûr pensé à octroyer des droits d’accès aux représentants des diverses entités qui accepteraient d’entrer dans la fédération, seulement. Mais cela pose toujours le problème du secret qui doit être balayé, nous essayons si bien tous de nous préserver de ce qui pourrait être que la première moitié des personnes n’est au courant de rien, la seconde d’un tier et la troisième de la moitié ce qui n’arrange pas nos affaires.
De plus, même ceux qui ne dirigent pas pourraient être les émissaires envoyés, ils ont beaucoup à gérer et à orchestrer, auquel cas, nous ne serions pas à l’abri d’une infiltration ou d’une percée des souvenirs. A moins que nous considérions cela comme un risque acceptable et révélateur de la confiance qui se doit de régner (Que penses-tu des Confiances ?... Non, tu as raison, c’est une terrible idée.).
Ceci étant dit, l’objet fonctionne et pour l’heure, même loin du premier, que j’ai envoyé à Solipha, j’arrive toujours à lire ce qui est écrit, je doute que les écrits puissent se réorganiser comme je le désire, à cette distance, mais je continuerai d’y œuvrer afin d’en faciliter la lecture à quiconque s’y essayerait.
D’ailleurs, j’ai contacté, de mon côté, la Grande Guilde pour qu’ils nous viennent en soutien avec une alliance commerciale, Mathias Bourdoin est ma principale référence pour l’équipement et bien qu’il travaille pour l’armée, il pourrait avoir des noms à nous confier en plus de celui de son épouse. As-tu eu des retours des Serfs de l’Occulte ?
Je crois que rentrer dans la congrégation devrait être, au-delà des raisons évidentes, très pertinent pour quiconque s’y essayerait. Diane m’a assurée que les négociations avec Frumance pour allouer une forme de point de réunion avançaient à la meilleure vitesse possible. Ce que je ne trouve pas rassurant du tout, mais je ne pourrais pas négocier seule avec elle, de toute façon.
Brunehilde a fini par accepter, je te l’avais assuré et je l’ai fait. Cela n’a pas été facile et je lui dois encore plus que précédemment, j’espère qu’elle ne se rendra jamais compte que je n’aurais pas assez d’une vie pour rembourser ma dette auprès d’elle, ou, tout du moins, si elle s’en rend compte, qu’elle ne me le fera jamais remarquer.
J’ai retrouvé quelques documents perdus, lors d’une précédente enchère, écrits par ma mère, ils parlent notamment des artefacts et des énergies. Je ne peux pas les envoyer par colibri, le poids serait trop imposant, mais en résumé, je crois que nous pourrions recréer des ancres, mais je pense qu’il faudrait en changer certaines conceptions. De ce que j’ai compris, elle désirait toutes les réunir en une seule dans un lieu donné, plutôt faudrait-il les réunir en une seule dans le lien en circulation, afin d’éviter qu’elles ne puissent être toutes arrachées au moment voulu, ce qui permettrait sans doute de leur donner des propriétés différentes. Je te le communiquerai, si tu veux, comme ça tu pourras me dire ce que tu en penses.
Eddard est-il toujours en discussion avec Solipha ? Je pense qu’il pourrait être intéressant d’aller voir les nomades pour échanger avec eux au sujet de la menace qui monte, les Héros de Minghelle saurons sans nul doute avoir l’air convainquant, si j’arrive à retrouver Za’addha et s’il accepte de venir en renforts pour les convaincre afin de savoir si certains ont pris la poudre d’escampette par là-bas.
Je ne sais pas quand est-ce que je pourrais te répondre à nouveau, mais j’ai laissé un parchemin déplié pour quand tu désireras me recontacter.
Bien à toi.
Livia. »
Elle plia le document, délicatement, joignit le parchemin destiné à constituer une potentielle réponse, et sorti de sa tente, transie par l’air froid pour le souffler. L’oiseau s’envola pendant qu’un autre se déposait au sommet de sa tête, confondant ses cheveux avec un nid. Livia soupira et attrapa la missive qui venait de lui arriver. Si pouvoir contacter n’importe qui, n’importe où avait ses avantages, il fallait bien avouer qu’elle se sentait l’âme scribe plutôt qu’enchanteresse, ces derniers temps.