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Algea

Voix du Malheur

« La barque de Charon va toujours aux Envers, il n’y a pas de nocher du bonheur. »

Factions

Temple de Démonio

Lignées

Elle marche dans les rues sombres mais la nuit ne l’effraie pas, elle est tout autour d’elle et l’enveloppe dans une douce étreinte. Elle est vêtue d’une chemise de nuit mais elle n’a pas froid. Ses pieds sont nus sur les pavés mais la pierre ne l’incommode pas, elle est lisse et plate, ce qui la change des terrains escarpés et irréguliers dont elle à l’habitude et qui menacent de la faire tomber à chaque pas. Elle déteste tomber parce que ça fait mal, alors ici elle se sent bien.


Des torches éclairent son chemin, elles sont chaleureuses et rassurantes, comme la bougie sur sa table de chevet, celle que Maman allume toujours quand elle quitte sa chambre, et qui se trouve toujours être éteinte quand elle se réveille. C’est peut-être ça, la magie.


Autour d’elle il n’y a rien, simplement quelques bâtiments à la façade terne, très proches les uns des autres, elle se sent si petite entre eux, mais en sécurité, comme dans un cocon, doux et rassurant à la fois, comme quand elle s’est endormie, dans les bras de Papa. Un sourire éclos sur ses jolies joues pâles et elle sent les larmes lui monter aux yeux.


Pourquoi se sent-elle soudainement si triste à présent ? Les yeux embués elle continue à marcher, autour d’elle il n’y a que des ombres, des silhouettes qui ne s’arrêtent pas, elle ne parvient pas à les distinguer, à les détailler, à la lueur des torches leurs ombres s’étendent, se déforment, elles sont immenses à présent : Leurs doigts sont des griffes, leurs visages sont des gueules, leurs gueules ont des crocs.


Elle accélère le pas, les larmes courent sur ses joues. Elle court à présent, une rivière s’écoule sur ses joues.


Les maisons sont si proches qu’à présent elles l’étouffent, la nuit est si sombre qu’à la lueur des flammes sa chevelure blonde ressemble à une lanterne d’espoir dans le Royaume des ombres.


Elle n’ose pas regarder derrière elle, jamais elle n’osera s’arrêter, le terrain est sinueux, la pierre est glissante, à plusieurs reprises elle se prend à trébucher, elle gémit mais ne s’arrête pas, la douleur est lancinante, ses genoux sont écorchés, mais sur les murs elle voit les ombres, elle voit les loups, elle entend les chiens, elle a toujours craint les canidés et aujourd’hui c’est une meute qui la prend en chasse.


Où est Papa, où est Maman ? Au détour d’une ruelle elle se glisse, derrière une caisse de fruits elle s’immisce, ses longs cheveux poisseux tombent devant sa figure, elle étouffe ses sanglots dans sa chemise de nuit, sa main sur sa bouche pour camoufler un cri, elle perçoit la meute s’élancer à ses trousses, passer devant la ruelle, dans la ville où plus rien ne pousse.


A nouveau elle est seule, avec la nuit pour seul linceul, elle est froide à présent, remonte ses genoux sous son menton, ses bras autour d’elle, s’offre une étreinte pour trouver du courage.

Elle n’entend plus rien, la ville est morte à nouveau, lève les yeux vers le ciel et voit les étoiles, elles lui donnent le courage de se relever, la force d’avancer, elle quitte la ruelle, la ville est à nouveau calme.


Elle reprend sa course effrénée dans la rue opposée, n’a plus peur, n’a plus froid, même plus mal à présent. La seule chose qu’elle espère c’est retrouver ses parents.


Mais au loin elle les aperçoit, il y’a quatre silhouettes, tournés vers elle, leurs yeux incandescents, leurs regards de bêtes, pourvus de griffes, de crocs, aux pouvoirs funestes, pour sa vie elle prend ses jambes à son cou et fuit à nouveau l’Enfer.


Les ombres s’étirent sur les murs de la ville, celle où aucun espoir jamais ne fleurit, ils courent plus vite qu’elle ils vont la rattraper, à nouveau elle pleure, leur réchapper c’est tout ce qu’elle peut espérer, au loin à nouveau elle aperçoit les lueurs, des torches qui lui redonnent espoir qui réchauffent son cœur, continuer à courir à en perdre le souffle, son cœur dans sa poitrine bat à s’en rompre.


Son pied glisse sous un pavé et elle s’effondre, la douleur n’est rien pourtant elle a entendu un craquement, derrière elle un regard les monstres se rapprochent, elle se traîne dans la poussière vers son seul espoir, les torches se rapprochent la sortie n’est plus très loin.


Après seulement quelques mètres elle arrête d’avancer, les torches au loin ne sont pas celles qu’elle croyait, trois lueurs démoniaques se rapprochent dans la nuit, elle n’a plus aucune chance maintenant c’est fini.


Tous les espoirs finissent par mourir ici, en Enfer il n’y a aucune petite fille qui fleurit.

Algea

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