Le Roi des Rats

Le Roi des Rats pour le surnom dont il s'est lui même affublé et qui lui sera repris maintes et maintes fois au cours de son histoire a selon lui réussi bien au delà de ses ambitions initiales. Né dans le quartier le plus défavorisé de l'Est Proncilien comme de nombreux autres avant lui, il n'était à son âge et encore maintenant, ni doté de quelconques pouvoirs, ni particulièrement fort, pas plus qu'il n'était le plus doué quand il s'agissait de voler quand bien même il n'était pas pour autant mauvais, bien assez bon pour survivre en tout cas. Le Roi n'a jamais été le plus intelligent, pas de plans complexes élaborés lui permettant de s'élever au dessus de la crasse qui dormait à même les planches usées des barraques déglinguées que certains faisaient payer prix d'or pour n'avoir au dessus de la tête qu'un toit sans l'assurance d'être encore en vie le lendemain matin. Il n'était pas non plus particulièrement beau ou séduisant, pas même magnétique, quelque chose qui lui aurait permis d'attirer immédiatement sympathie ou respect. A bien y regarder il était plutôt commun, chétif et pour beaucoup d'enfants ou d'adultes de son entourage, cible facile, méprisable et le plus prompt à mourir d'une grippe au prochain lanjis venu.

Mais le rat a survécu jusqu'à devenir un Roi, celui des minables, mais plutôt Roi des souterrains qu'esclave de la Grande Ville et de la Faim. Comment ? Par quelle chance est-il parvenu à se hisser si bas, mais tout de même au dessus de la masse grouillante qui le méprisait et a qui il a toujours tâché de rendre ce sentiment ? Mais parce qu'il parlait bien.

Encore aujourd'hui le Roi des Rats, celui dont l'histoire demeure particulièrement floue en raison d'un travail à la dissimuler autant qu'une indifférence généralisée du monde qui l'entourait lorsqu'il n'était rien, encore aujourd'hui, le Roi est un parleur. Pas orateur de talent tenant des discours qui galvaniserait les troupes, ni beau parleur à en faire des vœux de réussite à se damner pour lui, parleur suffirait pour le décrire. Se muant parfois même en murmureur. Qu'elles soient menaces prononcées à l'oreille sur un ton bas, convictions auxquelles il ne croit pas une seconde ou promesses inachevées, le Roi a toujours su manier le langage aux oreilles des plus réceptifs, obtenant lorsqu'il n'en était pas capable par la voix, ce qu'il voulait par une certaine force de convictions née dans la peur. Si le Roi n'a jamais été le plus fort il a rapidement compris qu'on pouvait compenser cette tare en se faisant passer pour le plus cruel.

Une fourberie qu'il ne manquera jamais d'appliquer pour appuyer son point.

Mais la raison principale pour laquelle ce tour a pu marcher si longtemps c'était bien en cause que le Roi ne s'en prenait toujours qu'à plus faible que lui, incapable d'avoir longtemps le dessus sur le fort, il avait compris qu'une armée d'insectes finissaient toujours par dévorer carcasse plus grande qu'eux par la force du nombre. C'est ainsi que le Roi des Rats est né un jour, réunissant autour de lui tout ceux qui avaient famine et terreur au ventre. Pour les garder sous contrôle, affutant avec le temps son esprit pratique, il décréta que la drogue améliorerait une forme de cohésion collective, se tenant toujours un peu plus éloigné d'elle que ses victimes, avant de ne transformer cette nouvelle petite famille en une bande de serviteurs dépendants.

Le Roi se mit à régner sur les égouts de la Capitale, faisant enlever les enfants les plus démunis et les transformants en petits voleurs placés sous son joug et sa protection, répandant autour de sa cour la crainte de le décevoir sous peine d'être châtié par les autres, puis réconforté par lui. Le Roi avait crée un système implacable dans lequel il n'était plus obligé de voler de lui même se contentant de ramasser le fruit du labeur de ses ouailles et punissait sévèrement l'intégralité du groupe pour les prétendues fautes de l'un d'entre eux, laissant ses rats totalement isolés et incapables de se faire confiance, continuellement poussés à se droguer et à se livrer à des sévices parfois sexuels, opérant sur eux une emprise psychologique forte et dérangeante sans jamais abuser personnellement d'eux autrement que par le contrôle..

C'est dans un climat de guerres des clans au sein de la Capitale qu'il trouvera dans le Griffoir ces pires ennemis. Lors de conflits escaladant vers une violence de plus en plus grande et décomplexée il provoquera en partie l'éclatement du groupe ennemi lors de la mort de Brume, compagne de Berlioz durant les affrontements.

Coincé entre des affrontements qui n'en finissaient pas avec le Griffoir et d'autres gangs locaux, menacé par une concurrence agressive de la part de l'Organisation et de la Coterie, intéressés à l'idée d'investir les souterrains et de réinjecter le labeur des enfants dans une cause plus lucrative pour eux, le Roi fut contraint de faire alliance avec la Salamandre et y intégra ses voleurs à la demande de Surin.

Durant sa vie il causera beaucoup de tort et laissera derrière lui quelques stigmates visibles en les personnes de Billy Jean, Treath et Théoden entre autre gens.

C'est durant le Mal Nécessaire que le Roi des Rats verra son empire souterrain basculer, le 22 Grimstel 1254, Berlioz engagera plusieurs individus afin de trouver le Roi et de le tuer, participeront à cette opération Eléonore, qui avait été contrainte à servir le Roi pour se racheter, James, la Rumeur sous couverture ainsi qu'un mercenaire non-identifié. Lors de cet assaut de nombreux rats trouveront la mort dans une opération catastrophique, qui verra le Roi s'enfuir sans être appréhendé, mais tout de même celui qui deviendra Treath et Martine, fille adoptive du Roi, trouver leur liberté et une nouvelle famille, l'un aux côtés de Rumeur, l'autre au sein de la Retraite grâce à Eléonore.

Le Roi ulcéré par l'effondrement d'une partie de son groupe et touché d'une certaine manière par la mort de ses petits rats ira en personne et accompagné de deux enfants qui se trouveront êtres Alizrabal et Talvinar tuer Larcin le 28 Grimstel lors d'une nuit sans étoiles.

Cet assassinat provoquera son lot de conséquences et les rats survivants n'ayant pas encore pris la fuite seront massacrés par le Griffoir, le Roi lui, trouvant refuge au près de la Triade grâce à certains de ses alliés. Depuis ce jour il est abrité dans les souterrains d'Abheleim grâce à une protection relative des Sgurzs à la condition de ne plus jamais s'en prendre aux enfants, ce qu'il respectera de manière éparse mais dissimulée. Et si tout ceci n'a jamais répondu à une interrogation qui demeure, qui était le Roi des Rats ? Malgré quelques indices laissés sur sa peau sous la forme de tatouage ou sur ses vêtements d'une certaine symbolique, en réalité elle n'a pour lui aucune importance. L'essentiel n'étant pas de savoir qui il a été, chose qu'il a toujours cherché à faire disparaître mais plutôt qui il est devenu. Et aux yeux du monde, pour un être aussi méprisable, c'est aussi la seule chose qui importe.