Ixtelolotli
La Sœur
Ixtelolotli est une figure malade et inspirant la défiance du Lignage ayant tenté de prendre Ennya pour hôte après avoir pratiquement tué Aymone.
Factions
Lignées
Description physique
La guerre déchaînait des pouvoirs, saturait l’air d’une magie vibrante, agissant presque par elle-même plutôt que de se soucier des mortels qui la manipulaient. Les déflagrations de mana entrechoquaient les armes d’acier dans une litanie sorcière sur les mères et filles mortes, du sang des pères et des fils qui s’écoulerait en des rivières pourpres. La litanie s’élevait, mais nul ne tendait l’oreille à ses murmures, nul ne tendait l’oreille à ce qui émanait de ses ennemis. Ils se battaient pour la liberté, ils levaient les armes de la guerre pour la Conquête et la Paix, ils n’écoutaient plus les torsions de la nature.
Animées par les torsions de celle-ci, au supplice de ce que le monde ne devrait pas avoir à connaître, les larmes glissaient le long des joues et s’envolaient en d’autres lieux. De leurs cœurs unis s’était absentée Esabia, malgré ses mises en garde, la Tisseuse demeurait ignorée et ne pouvait que contempler les rigoles sanguines baignées par les larmes qui formaient le noyau par lequel reviendrait la Sœur.
Le pouvoir de Narthe s’engouffrait par tous les pores, appelées par les rages vengeresses, par les filles qui tuaient les mères de tout ce qu’elles aimaient et les mères qui avaient leurs progénitures. Son corps se mit à trembler et elle suivit la danse macabre. Quoique cela puisse être, quoique cela puisse devenir, elle ne pouvait pas rester immobile.
Ptahe n’avait pas voulu la prévenir, elle ne l’avait que guidée jusqu’à ce point pour placer cette décision entre ses mains, lui rappelant qu’elle était incapable de l’arrêter. Alors que la Sœur se formait des sacrifices des siens, elle chanta en chœur avec la litanie sorcière.
La Tisseuse infligea à la Sœur sa plus grande limite pendant que les joyaux vibraient de pouvoir, s’agitaient autour de son cou. La première fêlure dans son Calice apparut lorsqu’elle la dota d’un cou, puis une seconde quand elle lui conférait de fines oreilles en pointes. Fêlure après fêlure, la Tisseuse plongeait dans l’Art à chaque instant davantage, se perdait dans le Soi pour s’assurer d’affaiblir suffisamment la Sœur sauvage. Plus déesse que Tisseuse, elle la fit à leur image, elle la fit humaine. Le hurlement qui traversa sa gorge quand elle dut limiter l’apparition de ses yeux détruisit ses cordes vocales. Jamais plus elle ne pourrait vraiment chanter.
La Sœur fit un pas vers elle, une beauté glacée et sur sa tête une couronne de créatures s’agitait. Le gris pendait à son cou, brut et inné, comme seul le premier de sa lignée le serait. Elle baissa les yeux vers la Tisseuse son cœur martelant au rythme des armes et de la guerre qui faisait rage. Ses mains se relevèrent, enragée, jusqu’à marquer de stries le visage de la Tisseuse, enlaidissant celui-ci comme elle l’avait fait pour elle. Née créature, coincée dans une enveloppe elfique, incapable de rendre justice ainsi limitée, incapable de répondre à l’appel des siens.
Elle enjamba le corps de la Tisseuse.
Sa main se referma autour du poignet du bâtard gris.
« Vous n’y parviendrez jamais sans moi. Vous devez être neuf. »
Il dégagea son poignet et détailla le visage de la Sœur avec défiance. De bien des manières, il voyait la ressemblance avec ce que fut la Tisseuse, elle l’avait prévenu, elle lui avait dit sans ouvrir les lèvres qu’elle serait le poids à porter. Qu’il n’y aurait qu’une seule manière d’en venir à bout. Isaiah voyait au travers de sa peau ondulante, il voyait les yeux posés sur lui quand bien même n’y en aurait-il que deux de chair. De son Gris, il distinguait les plumes aussi grandes que lui, et les ailes qui pourraient lever une nuit éternelle sur le monde.
Il ne chancela pas, il ne recula pas. Il fixa la Sœur sauvage en sachant que d’une manière, ils partageaient une essence, une magie, quelque chose qui les faisaient être à la fois similaires. Son regard se perdit dans la contemplation.
Le sien sera de plumes, d’une douceur inégalée que nul n’osera jamais toucher.
Chacun de ses yeux verront au travers de tous les plans, de tous les lieux qui existeront.
Elle sera si puissante que vous ne pourrez jamais l’affronter et son exil sera hors de portée.
Ne crains jamais la Sœur qui s’en nourrira, ne la hais jamais ; vos animosités l’alimenteront.
Derrière sa tête, la couronne des Astres, et chacun d’entre vous sera de Ptahe un éclat
De raison irraisonnée car vous perdrez de vue la finalité de ce rituel.
Son masque de plumes, ses ailes lui donneront la volonté de s’élever jusqu’au ciel.
Sur terre tu transcenderas ce que tu es pour ne plus être le cruel.
Et lorsque le temps sera venu, après mille échecs, vous réussirez.
Il lui adressa un sourire dont il avait le secret, et celui de la Sœur lui répondit comme un égal ; il glissa ses doigts le long de sa peau et l’emmena, sans oublier que c’était elle qui avait détruit sa mère.
Description mentale
Elle avait des mains, depuis des années désormais, des doigts couronnés d’ongles trop courts que même le crochet des Veuves noires ne rallongeait pas suffisamment. Jusqu’à cet instant, elle les dépréciait comme des fardeaux inutiles au bout de bras trop faibles. Esabia leva ses yeux dans sa direction et retenait ses doigts incapables entre les siens. La finesse de sa peau lui permettait de ressentir les reliefs d’Esabia plutôt que de représenter une faiblesse. Sa vue, imparfaite, lui offrait le plaisir de sentir le trouble entre Esabia et Jelila, les deux reflets d’une même pièce, le changement et l’inertie. Sa présence lui fit baisser les armes, la sœur en abandonnerait ses desseins de vengeance, car elle les protègerait.
Loin des Chants Sorciers, les trémolos de sa voix miroitaient la peur dans son regard et se détourna vers les détritus. La mine écartelée entre l’horreur et le pouvoir de ces âmes renvoyées à Ptahe et au guide.
L’instant fut brisé lorsqu’Hyra trébucha en avant jusqu’à ce que la jeune fille arrache sa main. Les yeux trop écarquillés, la Sorcière des Astres étrangla son souffle dans sa gorge et sa vision floue ne trouva que la rage sur laquelle se fixer.
« Qu’avez-vous fait ?, haleta-t-elle. »
Les corps décharnés tremblaient quelques instants avant de retomber en simple poussière. Hyra détourna le regard du monstre qui s’était placé entre la jeune fille et l’envahisseur pour mémoriser ceux des morts, savoir qui avait péri. En reconnaissant des frères d’entraînement, des personnes pour lesquelles son respect se mêlait à l’adoration, les mains d’Hyra se mirent à trembler et le pouvoir exsuda de ces vibrations. Lorsqu’il releva le visage vers le monstre, l’envahisseur était enragé de savoir que pour une fois les siens avaient échoué à commettre des massacres.
La sœur restait en protection d’Esabia, et ne sut quoi faire de ses mains si inutiles qui brûlaient d’envie de la toucher pour la rassurer, lui assurer qu’aucun mal ne lui sera plus jamais fait. Hyra s’avança d’un pas et le premier vent exsuda de la sœur, en bon envahisseur, elle marchait sur les poussières des cadavres tombés pour tenter de conquérir ce qui ne lui appartenait pas.
D’un geste de la main, la sœur tourna la tête vers la jeune fille et balaya sa présence du bout des doigts, la renvoyant en sécurité. Les yeux d’Hyra s’arrondirent et elle hurla en se ruant sur elle, l’invectivant de l’avoir fait disparaître. La sœur la protègerait envers et contre tout, elle ne s’attendit pourtant pas à voir surgir dans le dos de l’envahisseur son allié.
Majestueux, il ressemblait qu’à un simple cheval à la robe bai, en place des couleurs chatoyantes et de ses plumes de paon. Ils lui avaient arraché son identité en même temps que son pouvoir, et à sa connaissance, l’utilisaient encore. La sœur tendit la main dans sa direction, pour l’inviter à la rejoindre tandis qu’une simple brise écartela Hyra contre un mur.
Il s’opposa à elle.
Les poussières des cadavres se suspendirent entre ciel et terre, figés par le pouvoir qui saturait la pièce et la sœur la reconnut avant même qu’elle ne réapparaisse. Jelila se tenait entre l’envahisseur et elle, ses souvenirs s’entrechoquèrent et les lignes temporelles se fracassèrent l’une contre l’autre. Hyra était à nouveau debout et Quetzalcoalt n’était jamais apparu. Mais sa voix ne servait qu’aux chants sorciers et il ne lui était pas commun de savoir articuler de son propre chef, aussi Hyra parla avant elle.
« Jelila, non ! »
Les poussières se mirent à luire et à se faire prisme d’elles-mêmes tandis que la projection astrale se forgeait. La sœur tourna la tête en sachant pertinemment que l’Art l’empêcherait de pouvoir assimiler ce qu’elle verrait.
La réalité fractura à nouveau le temps, dans une gigantesque faille de laquelle un rugissement fut enterré scellant le destin de Jelila. Les doigts sur les écailles de la bête endormie, elle se jura de détruire ceux qui tueraient Esabia.
Histoire
« Pourquoi ne l’avez-vous pas bannie, si c’est un tel danger ? »
Alério gardait son masque à la main et observait Quetza face à lui, sachant pertinemment qu’il aurait plus de chances de lui soutirer une information de cette manière que par toute autre. Le paon ondula sur le masque, laissant le silence s’étioler.
« L’on ne bannit que les dangers que l’on sait mesurer, que l’on peut évaluer. Nous ne l’avons jamais su, aujourd’hui ou hier, tout porte à croire que nous ne le saurons jamais. Nombre de mortels pourraient nous considérer à tort comme des Sans-Âge. Des êtres trop anciens pour confondre le temps qui s’est écoulé, au point que l’âge ne soit qu’une donnée abstraite. Il n’en est rien. Seules Esabia, la Tisseuse et la Sœur sont Sans-Âge ; ils étaient là et viennent de naître à la fois, ils ne sont ni réincarnés, ni rien de cela. Ils sont. » Elle manifesta un signe d’inconfort, ce n’était qu’un geste de ses doigts, aussi discret qu’elle en avait l’habitude. Mais il savait au fond de lui que même Quetza doutait de ce qu’elle allait dire. « Je crois qu’elle est une incarnation du Gris. » Les sourcils d’Alério se froncèrent, il aurait préféré qu’Arhena lui réponde, mais Quetza refusait catégoriquement sa présence, le paon ondulait avec trop de force le long de son masque et étirait les plumes bariolées autour de son visage. « Qu’il a fini par la posséder, ce qui n’aurait jamais dû arriver. Que la gravité disparaisse et que nous ne retombions plus sur le sol me paraîtrait plus naturel.
— Qu’est le Gris ?
— Tout ce qu’il n’est pas. »
Alério fit quelques pas, en se rapprochant de Quetza qui semblait grandir, envahir tout l’espace de sa superbe. Une réaction terrifiée qui remua quelque chose en lui.
« Cela ne répond pas à ma question.
— As-tu déjà essayé de définir le temps ? » La question lui sembla rhétorique et insensée, bien qu’il comprit ce qu’elle insinuait. Le masque chatouillait le bout de ses doigts, désirant s’exprimer au travers de son esprit, mais il s’y refusa. Il avait besoin d’être seul dans son esprit pour appréhender par lui-même le concept, sans l’acceptation naturelle d’Isaiah. « Il est. Il est ce qui s’écoule, l’évolution perpétuelle sans laquelle même Ténèbre et Lumière ne pourraient pas exister. Il est à l’origine, mais secondaire à la fois, car il est arrivé avant sa définition, avant que l’on ait conscience de lui.
— Le temps est l’instant qui précède le suivant, les secondes qui s’égrènent comme autant de grains dans un sablier. On peut le définir sans en prendre sa pleine mesure. C’est cela que j’attends que vous m’expliquiez, Quetza.
— Je ne peux vous expliquer ce que je suis incapable de pleinement comprendre, je peux vous dire qu’il fut vaincu à plusieurs reprises, mais qu’inlassablement il revient.
— Pourquoi ne devrait-il pas pouvoir s’associer avec elle, en ce cas ?
— Il vous l’expliquera mieux que moi.
— Ce sera fait, mais c’est à vous que je m’adresse.
— La nécromancie est à Vanilius ce que le Gris est à ce que nous avons scellé, sans être un outil. Il est la manifestation, comme le temps, des conséquences de son apparition sur notre monde, bien avant nos Guerres bien qu’il apparut en même temps. » Alério fronça les sourcils, sentant la migraine poindre derrière ses yeux en faisant l’effort de comprendre ce qui échappait à ses conceptions. « Il est son reflet en étant profondément différent. Je ne peux vous expliquer un concept avant que vous ne l’éprouviez pour la première fois et les concepts sont seuls. »
Les Faederath s’étaient alignés autour de la minuscule Veuvacée dont la toile tissée faisait un millier de fois sa taille. Sa voix ne résonnait pas de lèvres, car elle n’en avait pas et de ses yeux aucune expression ne filtrait, car elle en était incapable. Pourtant, elle communiquait, à son exquise manière, ce qu’ils n’auraient jamais pu prédire, sauf peut-être elle. L’ébène que lui avait offert Esabia trônait au milieu de la Toile.
Le monde serait bientôt soumis à la plus grande menace qui n’ait jamais existé quand les hordes démoniaques viendraient et Esabia ne serait plus là pour les aider. La Soeur avançait en écoutant le silence des Faederath, qui voyaient venir leur disparition. Son attention se tourna vers elle et lui révéla ce qu’elle avait déjà transmis.
Les ennemis savaient que leur fin était proche et si la Soeur ne pouvait la tuer, elle la déplacerait là où plus aucune toile ne pourrait les informer de ce qui viendrait ; car tout ce qu’elle avait retenu était que les siens disparaîtraient avec Esabia.
Elle avait offert une protection inconditionnelle à eux tous, leur avait présenté ses plus sincères hommages et ils s’associaient toujours à ceux qui avaient préféré les massacrer et les utiliser. Alors, la Soeur dut se résoudre à commettre ce qu’ils ne lui pardonneraient jamais.
Seule, l’ébène en main, elle se redressa et prit la route des terres du Lignage. La Tisseuse l’avait peut-être affaiblie, mais elle ne la retiendrait pas. Plus tard, les poussières des corps dans l’air la condamneraient à ne jamais pouvoir interrompre cette prophétie.
L’éther tremblait comme une feuille et le corps de son hôte trop affaibli la fragiliserait. La Soeur scellée au fond de son masque ne pouvait plus agir ou contre-attaquer. Il ne lui restait que quelques portes que certains invocateurs daignaient ouvrir pendant que les menaces se démultipliaient autour d’eux.
Par leur biais, elle jouait de leurs perceptions, ne pouvant guère faire davantage et la Sans-Âge se sentait vieillir pour la première fois de son existence. Les souvenirs devenus légendes impliquaient la méfiance des Faederath et elle n’était venue leur prouver que la légende existait bel et bien que pour sauver Ennya de la mort.
Presque devenue incapable de se mouvoir, sur le dos de l’un d’entre eux, elle le guidait jusqu’à ce qui brisait l’éther et le faisait couler vers le Haut Monde et dans celui-ci une simple goutte de son pouvoir affluait dans les veines de certains Invocateurs.
Colotl entra dans la pièce et la haine fissura une partie de sa peau. Forcée de s’allier à l’ennemi, elle s’interrogeait sur ce qu’en aurait pensé Quetzalcoatl, lui qui en avait fait de même. Aucun de ses yeux ne voulut s’infliger la brûlure de la vision de Poehina.
Dans son dos, ses mains se glissèrent sur son masque et ses cheveux chatouillèrent la nuque de son hôte qui suppliait inlassablement le Guide de venir pour elle, d’abréger ses souffrances. Bientôt, murmura la Soeur, sujette à des émotions qu’elle n’était pas capable de ressentir. Bientôt, lui susurra sa tortionnaire qui regrettait de devoir lui faire du mal, comme si cette humaine pouvait compter comme un Faederath.
Le pouvoir de Colotl s’insuffla en elle, pansa les plaies et prolongea sa souffrance, mais pas assez, jamais assez, car il était déjà là et la balayait, interrompant le processus, mais sans être capable d’intercepter cette nouvelle goutte qui tomba sur Essan.
Relations
« Je suis désolée, ma Sœur, mais je ne peux vous parler, car la confiance n’existe plus. Je suis désolée, ma Soeur, pour ce que je vais vous faire subir. Je ne voudrais pas avoir à vous condamner, mais vous êtes bien plus intelligente que moi et si je ne le fais pas, vous me doublerez.
Je suis désolée, ma Soeur, car je vous aime, et je dois accepter de les laisser prendre les rênes de leur destin, où qu’il nous mène, je ne dois pas choisir à leur place. Je ne veux pas être celle-ci. Je veux être moins et davantage que cela.
Je suis désolée, ma Sœur, car je veux être leur égale et je vous souhaite d’un jour pouvoir éprouver pour le monde ce que vous éprouvez pour eux. Je vous souhaite l’empathie, car ils vous l’ont arrachée. »
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